Surnaturelle, tome 1: SAVOIR

Chap 60 : Comment savoir ?

Le dos appuyé contre le mur, je fixais du regard la porte derrière laquelle je sentais l'aura de maman s'activer. Elle était en train de dispenser un cours de sorcellerie pure à des sorcières de 3ème niveau. Je me demandais ce que cela faisait d'avoir cours avec ma mère, si c'était vraiment aussi horrible que Casey me le racontait. En tout cas j'imaginais que ce n'était pas pire qu'avoir des cours particuliers avec elle. Cela remontait à de nombreux mois pour mon cas mais ça ne m'avait pas manqué et je doutais qu'il en soit un jour le cas. Maman pouvait parfois se montrer exigeante. Très exigeante. Je repensais à la discussion que j'avais eu avec Miss Amélia sur mon parcours scolaire. Finalement je restais chez les tueurs jusqu'à la fin de l'année. Elle avait eu une discussion avec maman et elles en étaient toutes deux venus à la conclusion que j'avais un niveau suffisant pour me permettre de me concentrer sur mon apprentissage de tueur pour les prochains mois. Pour le coup, j'étais d'accord avec elle. De ce que j'avais pu voir des cours de Casey j'étais considérablement en avance sur le programme de sorcellerie. Néanmoins j'étais quand même un peu déçu. La magie me manquait et puis j'aurai aimé rejoindre les gens de ma race. Je n'avais jamais eu ma place en tant que tueuse alors maintenant qu'ils savaient que j'étais une sorcière je doutais que les tueurs de ma classe changent de comportement.

La cloche sonna et quelques minutes plus tard la porte s'ouvrit faisant défiler à la file indienne une trentaine de jeunes sorcières. Pour la première fois depuis mon arrivée ici, elles me dévisagèrent toutes tours à tours de haut en bas. Je me doutais bien de ce qu'elles devaient penser. Mais étrangement pour une fois cela ne me faisait rien. Elena était ma mère. Point. Je n'avais aucune honte à avoir. Quand la dernière fut sortie je m'avançais et entrais dans la salle de classe. Maman était penché sur son bureau, occupé à ranger les affaires qui y trainait. Un rapide coup d'œil à celles-ci et au tableau et j'identifiais le sortilège qu'elles étaient en train de voir. Il semblait que j'étais encore plus qu'en avance. Je maitrisais le sort en question depuis mes 13 ans déjà.

- Tu as enfreint nos règles Artémis. Tu sais ce que ça signifie ? me demanda ma mère d'une voix grave sans me regarder.

- Je sais.

- Non, me contredit-elle. Si tu le savais vraiment, jamais tu ne l'aurais fait. Surtout pour une chose aussi futile que la vie de trois adolescentes.

Une vie n'était jamais futile. Et surtout pas la leur. Mais je n'étais pas énervée contre maman pour autant. Je connaissais son point de vue et je le comprenais quelque part. Avant d'arriver à Saint Maxime je le partageais même. Et pour cause, quand on ne rencontre que des gens qui veulent nous tuer, on se préoccupe rarement de leur vie. Après tout c'est soit nous, soit eux. Mais le monde n'est pas composé que de gens comme ça. Je me demandais si maman avait déjà eu des amis. Et si oui ce qu'il s'était passé. Toute ma vie je m'étais posée un milliard de question mais aujourd'hui plus que jamais je sentais que même si j'avais toujours autant besoin de réponse, j'étais prête à me montrer patiente et à attendre, qu'elle, soit prête à me répondre.

- Tu m'as toujours dit qu'un jour je pourrais enfin choisir ma voie, repris-je en m'avançant jusqu'à elle et en attrapant le livre de cours des sorcières de 3ème niveau. Je crois que ce jour est arrivé. Et j'ai fait mon choix. Celui d'arrêter de me cacher dans ton ombre.

J'ouvris le livre et commençais à le feuilleter. Je connaissais et maitrisais parfaitement chacun des sorts sur lequel je tombais. Ils étaient tellement basiques.

- La lumière est parfois beaucoup plus sombre que tu ne le penses, me prévins ma mère. Plus que l'ombre même.

Je relevais la tête vers ma mère qui me fixait du regard avec un air des plus sérieux. Quelque part je savais qu'elle avait raison. Les mamans avaient toujours raison. Tout cela, tout ce qui m'était arrivée, ce n'était que le début. J'ignorais ce qui allait suivre comme elle le disait mais j'étais prête. Prête à exister vraiment à partir de maintenant. A vivre vraiment. Et cela grâce à elle.

- Peut-être mais c'est ma vie. Et je veux pouvoir la choisir. Comme toi tu as choisi la tienne.

- On n'a pas toujours le choix, protesta-t-elle d'une voix morte. Tu n'auras pas toujours le choix Arty.

Elle esquissa de nouveau un de ces sourires tristes. Les paroles de Mary Barlow me revinrent en tête. J'ignorais si elle avait raison et si maman était au courant mais une chose était sûre. Elle me cachait quelque chose depuis toujours.

- Peut-être. Mais cette fois ci j'avais le choix. J'avais le choix de choisir quel genre de personne je voulais être. Et je suis fière de mon choix.

Maman cligna des yeux, surprise. C'est vrai que pour une fois j'étais bizarrement conciliante. Mais ces derniers j'avais compris une chose. On ne savait jamais ce que nous réservait la Déesse.

- Il parait que vous avez rencontré Mary Barlow en chemin, changea de sujet maman quelques secondes plus tard. Tu as quelque chose à me demander ou à me dire ?

- Je t'aime maman, répondis-je spontanément.

Ses yeux s'écarquillèrent à mes mots. C'est vrai que nous avions une relation un peu compliquée et qu'on parlait rarement de nos sentiments. Mais pour une fois je voulais dire ces mots qui m'avaient traversé la tête à ce moment-là. Car j'étais sûre d'une chose. Maman avait toujours fait de son mieux pour moi. Et c'était grâce à elle que j'avais pu faire face à Mary Barlow et au Zagrath. A elle, et à l'éducation qu'elle m'avait dispenser. Aussi dure soit elle. La sonnerie retentit de nouveau annonçant l'heure de l'ouverture du self. Je devais y aller. Il fallait que je voie Casey, Victoria et Jane. J'avais des choses à leur dire à elles aussi. Et puis comme ça avec un peu de chance les autres étudiants allés arrêtaient de leur chercher des poux. Enfin je l'espérais. Flemme de faire pousser des queues de cochons sur tous leur postérieur. Mais bon, un accident était si vite arrivé....

- Ils ne te méritent pas Arty. Aucun d'eux ne te mérite, ajouta ma mère. Ne l'oublie jamais.

- Oui maman.

FIN