Chap 51 : Comment passer pour une folle ?

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Respire. Je ne savais pas ce que j'avais en ce moment mais ça commençait à me saouler. J'avais beau dormir convenablement, me couvrir correctement fonction du temps et faire attention à mon alimentation, ces derniers temps j'étais crevée. Comme si je couvais une maladie depuis le début du mois sans arriver à m'en débarrasser. Pire ça s'empirer de jour en jour. Et aujourd'hui, le mal de tête que je me tapais durant ce cours de mathématiques menaçait plus que jamais de me faire péter un plomb. J'avais l'impression que quelqu'un s'amusait à me donner des coups de marteau dans le crâne. Maman disait toujours que quand on était malade, c'était notre corps qui nous parlait. Et bien le mien il était particulièrement trop bavard ce mois-ci. Monsieur Dalpe montra une équation du bout de sa règle en bois et je retins une grimace suite au choc avec le tableau. Et voilà, encore un coup de marteau puissance 3 en plein dans la tronche. Je posais mon stylo sur la table et vint me masser tendrement les tempes. Un dernier coup d'œil au tableau et je levais la main, résignée. Rester assise à souffrir sur cette chaise qui faisait mal aux fesses ne me servait en rien. Et puis, depuis ma rentrée ici je n'avais jamais manqué un seul cours contrairement à certains. Vu mes notes, je pouvais me permettre ce petit écart plus que de raison. Le dos tourné, Monsieur Dalpe continuait à écrire ses équations sans s'arrêter moins d'une seconde de baragouiner dans sa barbe ce qu'il écrivait. Dès notre rencontre, j'avais été étonné par sa capacité à sortir un nombre incalculable de mots les uns à la suite des autres sans prendre la moindre inspiration. Il reprit sa règle et traça un trait dans un bruit strident qui me défonça encore plus la tête. Immédiatement je baissais la main pour venir la plaquer au niveau des oreilles. Ok, fallait vraiment que je me rende à l'infirmerie. Tous ça n'avait rien de normal.

Tout d'un coup un frisson me traversa tandis qu'une idée vint germer dans mon esprit. Il me fallut moins de d'une demi seconde pour la vérifier. Putain qu'est-ce que j'étais conne ! Pourquoi déesse n'y avait-je pas pensée plutôt ? Prise de panique, je balayais la classe du regard à la recherche d'un quelconque moyen de me débarrasser de ce truc. A peine mes yeux étaient-ils tombés sur la paire de ciseau de ma voisine d'à côté que je me jetais sur eux dans un grand fracas. Je les attrapais et sans réfléchir une seconde de plus me les planter dans la paume de ma main droite. La sensation de se faire empaler la main n'était pas des plus plaisante mais au moins mon mal de tête s'arrêta de suite. Debout, le regard rivé sur ma main ensanglantée j'étais traverser par des milliers de questions. Combien de temps cela faisait-il que je m'étais lancé à la recherche de cette satané sorcière dans les bois ? Pourquoi n'avais-je rien sentis quand j'étais tombé dans son enchantement ? Pourquoi n'avais je pas remarqué que les loups tournaient principalement là où j'étais tombés et qu'il n'avaient pas été guidé par l'odeur de mon sang masqué par celui de la magie ? Comment maman avait-elle pu ne pas s'en apercevoir alors même qu'elle m'avait absorbée mon trop plein d'énergie ? Et pourquoi ne m'étais-je rendue compte de rien moi ? Qu'est ce que j'étais idiote. La lenteur de ma cicatrisation aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Là maintenant j'avais envie de me foutre des baffes. Je m'étais montré si insouciante. En tout cas, une chose était sûre. Ce n'était pas le fait d'une étudiante. Et à partir de cette déduction, je savais très bien de qui il s'agissait et c'était loin d'être rassurant. Notamment pour maman.

- Dans le cas où vous auriez des pulsions suicidaire Artémis, je vous demanderai de le faire en dehors de mes cours. J'ai déjà suffisamment de problème avec l'administration comme ça, déclara dans mon dos Monsieur Dalpe.

Je me retournais tout doucement me rendant ainsi compte de la situation. Visiblement, dans la précipitation j'avais été loin d'être très discrète. Au contraire même. J'esquissai une grimace avant de revenir au ciseau planté dans ma main. Le sang coulé à flot sur la table de ma voisine et sur son cahier. Elle qui pouvait réécrire une page de cours dès lors qu'il y avait la moindre rature.

- Désolé, murmurais-je.

La métamorphe me regarda choquée sans dire un mot. La pauvre. J'avais en plus du lui foutre la peur de sa vie en sautant devant elle sans prévenir pour lui piquer ces ciseaux et me les enfoncer dans la main. Dire que la veille Casey m'avait parlé de nous comporter normalement pour éviter de devenir les folles de l'école et bah je crois que c'était raté. En tout cas pour ma part.

- De plus si votre but est de sortir de classe, reprit mon professeur de mathématiques dans mon dos, il y a des excuses beaucoup moins douloureuses comme l'option des toilettes par exemple. Je vous la conseille très fortement à l'avenir.

Bon bizarre pour bizarre tant pis. De toute façon là, j'avais un problème beaucoup plus urgent à régler. Car si j'avais contrecarré temporairement l'enchantement je n'en étais pas moins débarrassée. Je ne pouvais pas garder ce ciseau qui transpercé ma main jusqu'à ce soir. Non, il fallait que je trouve ma mère et rapidement pour qu'elle puisse me l'enlever au plus vite. Maintenant que je savais, j'arrivais parfaitement à sentir la magie étrangère à la mienne couler dans mon corps. Et c'était des plus désagréable.

- Je... Je vais à l'infirmerie.

Je serrais la main vers ma poitrine prenant soin de ne pas enfoncer plus que de raison le ciseau et me mit à me faufiler entre les tables des gens de ma classe à tout allure sans relever leurs expressions sidérées. Ce n'est que sortie de la salle que j'entendis mon professeur reprendre la parole alors même que je tournais déjà au bout du couloir :

- Quelqu'un veut il accompagner notre amie avant qu'elle s'ouvre les veines dans le couloir ? Miss Amélia risquerait définitivement de me tordre le cou sinon.

Surnaturelle, tome 1: SAVOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant