Chapitre 26 (Victoire)

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La répétition avec Théo s'est parfaitement bien passée. Sa mère est adorable en plus d'être très bavarde. Elle en a dit des choses intéressantes. En particulier lorsqu'elle m'a confié que Théo lui avait parlé de moi et même qu'il lui avait dit qu'il me trouvait belle. Belle, personne n'avait encore employé cet adjectif me concernant. Je pourrais me demander pourquoi il me trouve belle là où tous les autres garçons me traitent comme si j'étais invisible. Mais je ne veux pas me poser la question. Je me fiche de ce que peuvent bien penser les autres garçons. Théo me trouve belle, c'est tout ce que j'ai besoin de savoir. Seul son avis compte à mes yeux.

La répétition avec Théo s'est tellement bien passée que lorsqu'il m'a appris qu'il devait combattre le lendemain, j'ai proposé d'aller le voir. J'ai de toute évidence agi sous le coup de l'euphorie. Sur le moment, je n'ai pas réfléchi. Si je l'avais fait, je ne me serais sûrement pas fendue d'une telle proposition. Moi qui assiste à un combat de boxe. C'est absurde, je déteste la boxe ! Absurde oui, et pourtant.

Il est 14h et je pénètre dans le gymnase De La Plaine. Je pensais mettre les pieds à un petit tournoi local qui n'intéresserait pas grand monde mais force est de constater que je me suis trompée. A l'intérieur du gymnase, il y a la foule des grands jours à tel point qu'il me faut jouer des coudes pour me frayer un chemin jusqu'à la tribune. Cette dernière est elle aussi bondée. Pendant de longues secondes, je cherche une place. En vain. Je suis à deux doigts de renoncer quand j'aperçois un homme qui me fait signe qu'un siège est libre à côté du sien. Je slalome entre les jambes des spectateurs et je vais le rejoindre. Je le salue sobrement et je m'installe auprès de lui.

Tandis que je m'imprègne de l'effervescence qui règne dans le gymnase, je cherche Théo du regard sans le trouver. Il m'a demandé de le prévenir de mon arrivée pour qu'on se voie avant le début des compétitions mais je n'en fais rien. Non pas que je n'en aie pas envie. Bien au contraire. Mais plutôt parce que je ne veux pas le perturber dans sa concentration.

Le tournoi commence et Théo ne se montre toujours pas. J'en déduis que son entrée en lice n'est pas pour tout de suite. Je vais visiblement devoir prendre mon mal en patience. Pour tuer le temps, je m'efforce de m'intéresser aux combats qui se déroulent sous mes yeux mais à vrai dire ce que je vois est loin de me passionner. Je crains que mes a priori sur la boxe ne tendent à se vérifier tant le spectacle auquel j'assiste est désespérant. Un déchaînement de coups de poing, voilà à quoi il se résume. Je me demande comment autant de gens ont pu consentir à sacrifier leur dimanche pour se rendre à un tel événement. Moi je sais ce que je fais ici. Mais eux, quelle bonne raison peuvent-ils avoir de perdre un après-midi de leur vie assis dans ces gradins ? Je ne tarde pas à avoir la réponse à cette question et je comprends qu'ils sont là pour la même raison que moi. Ils sont là pour voir Théo Cari.

Soudain des ovations s'élèvent de la tribune. Les spectateurs bondissent de leurs sièges et se mettent à applaudir avec un enthousiasme retrouvé. Curieuse de savoir ce qui suscite un tel engouement de leur part, je me lève à mon tour. Théo vient de faire son entrée dans le gymnase. A quelques minutes de monter sur le ring, il termine son échauffement avec ses entraîneurs. Le speaker du tournoi (car oui le tournoi a même un speaker) fait encore monter l'ambiance d'un cran lorsqu'il s'exclame d'une voix surexcitée :

_ Il a remporté trois championnats de France, il est le tenant du titre de ce tournoi, il est invaincu depuis qu'il pratique la boxe en compétition. Mesdames et messieurs, faites du bruit pour accueillir sur le ring le boxeur le plus talentueux de sa génération, le champion Théo Cari !

A la foule de crier en retour :

_ Théo Cari !

Théo marche vers le ring sous les acclamations d'un public acquis à sa cause. Un traitement de star qui me fait penser qu'il doit être à la hauteur de sa réputation.
Il franchit les cordes pour rejoindre son adversaire sur l'aire de combat. Là, il prend tout son temps. Il reste assis plusieurs secondes dans son coin pendant que ses coachs lui donnent les dernières consignes. Puis il se lève et se dirige enfin vers le centre du ring où son adversaire l'attend avec une impatience évidente. L'arbitre se fend d'un bref rappel des règles, les deux boxeurs se saluent. Au retentissement de la cloche, le premier round commence.

Juste une fille bien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant