Chapitre 20 (Victoire)

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Sa prestation terminée, Théo reste un long moment assis derrière le piano, à me fixer en silence, dans l'attente d'une réaction de ma part. Une réaction qui ne vient pas car je suis trop surprise pour être en mesure de dire quoi que ce soit. En fait, ce que je viens d'entendre m'a laissée littéralement bouche bée.

_ Alors, tu en as pensé quoi ? C'était pas mal pour un sportif, non ? finit-il par me demander, trop impatient d'avoir mon avis sur sa performance musicale.

_ Pas mal, non je ne dirais pas ça.

De toute évidence, ma réponse n'est pas celle qu'il attendait. La confiance qu'il affichait jusque-là s'évapore tout à coup. Je le vois qui doute, je l'imagine qui se refait le fil de son interprétation, se demandant s'il a pu commettre au cours de celle-ci quelque fausse notes qui puisse me faire dire que je n'ai pas aimé son jeu. Il me plaît de voir son visage trahir une certaine fébrilité et je prends tout mon temps avant de finalement lui confier :

_ En fait, c'était génial !

Il pousse un soupir de soulagement tandis qu'un sourire triomphal vient étirer ses lèvres. L'idée qu'il ait pu m'impressionner semble le réjouir au plus haut point.

_ Qui sait, maintenant que j'ai découvert que tu es un grand artiste, je vais peut-être te trouver intéressant !

Il rit puis me répond :

_ On sait tous les deux que je t'intéressais déjà bien avant que tu me voies faire des prouesses au piano.

Il n'aura pas mis longtemps à retrouver sa confiance en lui dis donc.

_ Tu as l'air bien sûr de toi, je lui lance, amusée par la tournure que prend notre discussion.

_ C'est parce que je suis sûr de moi. D'ailleurs, souviens-toi de ce que je t'ai dit l'autre jour. Tous les deux nous allons être bien plus que de simples amis.

_ Tu as dit ça toi ?

Je feins de ne pas me souvenir l'avoir entendu prononcer cette phrase alors même qu'en réalité je m'en souviens très bien. Elle m'a suffisamment troublée pour que je ne puisse pas l'oublier. Je devine au regard entendu qu'il pose sur moi qu'il n'est pas dupe. Il sait ce qu'il en est. Il sait que je me rappelle de tout.

Nous quittons la salle de musique. Tandis que nous marchons dans le couloir en direction de la sortie de la salle omnisport, je le questionne :

_ Simple curiosité, comment as-tu appris à jouer du piano comme ça ?

Il met du temps à me répondre ce qui me fait craindre de m'être montrée trop indiscrète. Mais il finit par le faire et par m'expliquer d'où lui viennent ses talents de musicien :

_ J'ai été élevé à bonne école. Ma mère est sortie diplômée du conservatoire de Paris. Elle a été pianiste professionnelle pendant plusieurs années. Elle aimait ce qu'elle faisait mais ce métier l'obligeait à partir aux quatre coins du monde. A ma naissance, elle a choisi de donner la priorité à sa vie de famille et elle a mis fin à sa carrière de musicienne. Depuis, elle travaille comme professeure de musique. C'est elle qui m'a appris à jouer.

_ Elle doit être une excellente prof alors. Tu as un très bon niveau.

_ Elle est une excellente prof, oui. Quant à mon niveau, il n'a rien de comparable au sien mais merci du compliment.

_ Je rêve où Théo Cari se la joue modeste ?

_ Pourquoi ? D'habitude tu me trouves prétentieux ? m'interroge-t-il, relevant l'ironie.

Je lui mentirais bien mais il risquerait de le voir tout de suite car le fait est que je suis une très mauvaise menteuse. Alors je fais le choix de lui révéler avec vérité le fond de ma pensée, en prenant tout de même des précautions pour ne pas le blesser :

Juste une fille bien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant