Chapitre 41 (Victoire)

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Nous l'avons fait et j'ai aimé cela. J'ai aimé la manière dont Théo m'a fait l'amour. Avec beaucoup de tendresse et de douceur. Ma sœur avait raison. Tout s'est bien passé. C'était un beau moment de complicité, un moment comme je l'avais rêvé.

Lovée dans les bras du garçon qui fait battre mon cœur, j'éprouve une profonde sensation de plénitude, ce genre de sensation que l'on ressent lorsque l'on vient d'accomplir quelque chose d'important. Je me dis que quoi que me réserve l'avenir, j'aurais été amoureuse, follement amoureuse. J'aurais connu dans cette vie, aussi courte doive-t-elle être, le plus grand bonheur qui soit : celui d'aimer et d'être aimée. Et pour cela, je me sens reconnaissante.

C'est à Théo que je dois ce bonheur. Je lui dois tant. Je ne le remercierai jamais assez d'avoir eu le courage de m'aborder sur le chemin du lycée et de s'être montré suffisamment obstiné pour revenir vers moi chaque fois que mon tempérament sauvage m'avait amenée à le repousser. Théo a réussi à briser ma carapace. Il a su faire ce qu'aucun autre garçon n'aurait jamais pu faire : me toucher au cœur. Et surtout il a continué à m'aimer, malgré ma maladie, malgré l'ombre de la mort qui pèse sur moi, malgré tout. C'est dans l'amour qu'il me porte que je puise les ressources nécessaires pour me battre. C'est dans la détermination qui émane de son regard que j'entrevois l'espoir de m'en sortir. C'est dans son sourire rassurant que je trouve le courage de chasser mes angoisses. Avec lui à mes côtés, je me sens plus forte. Et j'aime à croire que grâce à sa présence je peux être suffisamment forte pour remporter le combat qui m'attend. Le plus grand des combats qui soient. Le combat pour la vie.

Théo avait raison lorsqu'il me disait être unique en son genre. Il est unique. Mais pas que. Il est aussi extraordinaire. Chaque jour je m'en rends compte un peu plus. Et plus je m'en rends compte, plus la boule qui a élu domicile dans le creux de mon ventre grossit. Elle est désormais si grosse qu'elle me fait mal. J'ai mal à l'idée que nous puissions être séparés. C'est une douleur sourde, insupportable. Une douleur qui ne me quitte jamais vraiment, parce que même si je veux être optimiste et croire qu'un nouveau cœur vigoureux m'attend quelque part, je ne peux m'empêcher de penser à une fin moins heureuse. Une fin dans laquelle il n'y a pas de nouveau cœur. Une fin dans laquelle mon cœur fragile cesse soudain de battre, me faisant sombrer dans des méandres inconnus pour ne plus en sortir et m'éloignant à tout jamais de celui que j'aime. Car au fond c'est bien là ce qui m'obsède le plus, l'idée que Théo et moi soyons séparés pour toujours.

Ces noires pensées m'arrachent une larme. Théo la voit qui dévale ma joue et me lance aussitôt :

_ Vic', pourquoi tu pleures ? Quelque chose ne va pas ?

Il fait courir ses doigts dans mes cheveux et me fixe de toute l'intensité de ses grands yeux gris, attendant de moi une réponse qui tarde à venir. Je ne sais pas quoi lui dire. Je ne veux pas lui parler de mes angoisses. Je ne veux pas laisser ma maladie salir cette soirée merveilleuse. La mort n'est pas conviée à la fête. Elle n'entrera pas dans ce somptueux chalet. Elle n'est pas la bienvenue ici. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, je ne sais même pas si j'aurai droit à un demain. Mais ce que je sais, c'est que ce soir je suis en vie et que j'entends bien en profiter. L'instant présent est tout ce que nous avons, disait la romancière Lucinda Riley. Plus que jamais, ses mots résonnent en moi avec un air de vérité. Cet instant avec Théo est tout ce que j'ai. Et tandis que je me fais cette réflexion, je me dis que je n'ai plus aucune raison de me plaindre. Je me dis que je suis chanceuse parce que cet instant passé avec celui que j'aime est tout ce qu'il me faut. Je n'ai besoin de rien d'autre que de cet instant d'amour infini que nous partageons.

Forte de cette conviction, je tourne la tête vers Théo et dans un sourire, je lui dis :

_ Au contraire, tout va bien. Tout est parfait. C'est le bonheur immense que je ressens d'être avec toi ici qui me fait verser cette larme.

Juste une fille bien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant