Chapitre 33 (Théo)

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Le soir même, j'ai tenté de l'appeler, elle n'a pas décroché. Je lui ai envoyé de nombreux messages, elle les as ignorés. Elle m'en voulait, c'était évident. Et moi je ne savais pas quoi faire pour arranger les choses. C'était notre première dispute et j'ignorais quelle attitude il me fallait adopter pour parvenir à nous faire nous réconcilier. Je me suis couché préoccupé, si préoccupé que je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit.

Le lendemain, les choses ne se sont pas arrangées comme je l'espérais. Victoire n'est pas venue me rejoindre au carrefour pour que nous fassions le chemin ensemble. Ce n'est qu'à la pause de 10h que je l'ai aperçue au détour d'un couloir du lycée. J'ai couru vers elle et arrivé à sa hauteur, je lui ai lancé :

_ Écoute Vic', je sais que tu m'en veux. Mais on ne va quand même pas se faire la tête ?

J'ai parlé d'une voix pleine d'espoir mais Victoire a eu très vite fait de doucher mon enthousiasme. Elle m'a fixé un instant d'un regard ombrageux et a prononcé d'un ton catégorique cette phrase qui m'a atteinte en plein cœur :

_ Théo, j'y ai bien réfléchi et je pense qu'on ferait mieux d'en rester là.

Elle était en train de me quitter. Je ne comprenais pas pourquoi, je me sentais perdu. Tout allait si bien entre nous et voilà qu'une seule dispute la poussait à vouloir mettre fin à notre histoire. J'ai tenté de protester :

_ Attends Vic', qu'est-ce que tu racontes ? On ne peut pas se quitter comme ça, pour si peu.

_ Si on peut, et c'est ce qu'on va faire, a-t-elle répondu, inflexible.

_ Je suis vraiment désolé pour hier. Je n'aurais pas dû te poser toutes ces questions. D'ailleurs, je ne te poserai plus de questions, je ne te poserai plus jamais de questions, tu m'entends ? Tu m'as dit que tout allait bien, et je te crois. Je ne t'embêterai plus avec ça...

J'aurais pu continuer longtemps à me justifier pourvu que Victoire change d'avis. Mais elle est restée campée sur sa position et m'a dit simplement :

_ Théo, c'est fini. Je suis désolée.

Elle s'est éloignée et moi je suis resté seul, immobile au milieu du couloir, hagard. Je me répétais en boucle « c'est fini ». Et plus je me le répétais, plus je prenais conscience de ce que cela signifiait. La fille que j'aimais ne voulait plus de moi et cette idée m'était insupportable. J'ai éprouvé le besoin de m'isoler alors je suis allé m'enfermer dans une salle de classe inoccupée. J'y suis resté pendant un temps que je ne saurais définir mais qui était assurément très long. Dans cette salle, j'ai ressassé encore et encore dans ma tête les évènements de ces derniers jours, me demandant ce qui avait pu pousser Victoire à prendre une décision aussi radicale. J'ai abouti à la conclusion que cette décision était forcément liée de près ou de loin à la cause de ses étourdissements, qu'elle l'avait prise parce qu'elle avait peur que je découvre une vérité qu'elle s'évertuait à garder pour elle. Je devais en avoir le cœur net, j'avais besoin de réponses, je voulais comprendre pourquoi elle m'avait quitté. Alors quand la sonnerie de midi a retenti, je suis sorti de la salle de classe et je suis allé me poster dans le hall du lycée pour y guetter le passage de la seule personne à même de me dire ce que je voulais savoir.

Au bout de quelques minutes d'attente, Julie a finalement fait son apparition dans le hall. Entourée de deux de ses amies, elle se dirigeait d'un pas pressé vers les portes de l'établissement.

_  Julie, tu aurais deux minutes ? Je voudrais te parler, lui ai-je dit en venant à sa rencontre.

Elle a soutenu mon regard un moment. Elle a fait signe à ses amies de partir sans elle et m'a dit d'un ton réprobateur :

Juste une fille bien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant