Chapitre 37 (Victoire)

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Ce soir, c'est le grand soir. Celui que j'ai tant attendu depuis que Théo m'a annoncé avoir obtenu l'accord de ses parents pour nous organiser une soirée en amoureux. Cette soirée n'aura lieu ni chez lui ni chez moi, mais dans un lieu qu'il a voulu garder secret, pour préserver la surprise, m'a-t-il dit. A en juger par le sourire satisfait qui couvrait son visage quand il m'en a parlé, cette surprise doit être belle. Et j'ai terriblement hâte de découvrir ce dont il s'agit.

J'ai hâte et en même temps j'appréhende un peu. J'appréhende cette soirée qui sera celle des premières fois. Ce sera la première fois que je passe une soirée romantique avec Théo, la première fois que je dîne en tête-à-tête avec lui, la première fois que je dors avec lui. Et surtout ce sera notre première fois tout court. Et au fond, je crois que c'est ça que j'appréhende le plus. Non que je ne me sente pas prête. Je me sens prête. Je veux le faire. Et je veux le faire avec Théo. Je veux que ce soit lui mon premier, je n'ai aucun doute là-dessus. Ce dont j'ai peur en fait, c'est plutôt de ne pas être à la hauteur, de décevoir Théo d'une manière ou d'une autre, de faire quelque chose ou dire quelque chose qu'il ne faut pas. J'ai peur que ça n'aille pas comme ça devrait aller. J'ai peur que quelque chose cloche et empêche cette soirée d'être merveilleuse comme elle se doit de l'être.

Je suis en train de mettre sens dessus dessous mon armoire quand Julie entre dans ma chambre.

_ Eh ben ! Il y a eu un cambriolage ou quoi ici ? ironise-t-elle en voyant les tonnes de vêtements répandus sur le sol et sur mon lit.

_ Arrête, ce n'est vraiment pas drôle. Ça fait des heures que je cherche comment m'habiller et que je ne trouve rien à me mettre ! je m'écrie, exprimant tout l'ampleur de ma frustration avant de me laisser tomber sur mon matelas en signe de capitulation.

Ma sœur vient s'asseoir sur le bord du lit, juste à côté de moi.

_ J'en connais une qui est stressée à cause de son rencard, me dit-elle, en me lançant un regard amusé.  

_ Tu te trompes, je ne suis pas du tout stressée.

_ Vraiment ? me demande-t-elle, comme elle n'est pas dupe.

_ Bon d'accord, je stresse peut-être un tout petit peu... je finis par reconnaître, comprenant qu'il ne servirait à rien de nier l'évidence plus longtemps.

Ma sœur s'allonge sur le ventre près de moi et se met à me fixer avec un drôle d'air qui me fait craindre qu'elle n'éprouve l'envie de jouer les psychologues. D'ailleurs, je ne m'y trompe pas car la voilà bientôt qui commence ma thérapie.

_ Qu'est-ce qui te stresse au juste ?

Je ne sais pas si je dois répondre. Je n'ai pas pour habitude de me confier à ma sœur. Il faut dire qu'elle m'a donné maintes occasions de me rendre compte qu'elle n'était pas une personne digne de confiance. Et puis je ne suis pas sûre que le fait de lui parler de ma soirée avec Théo soit une bonne idée car elle m'a bien fait comprendre qu'elle n'appréciait pas que je sorte avec lui. En fait, j'ai toutes les raisons du monde de m'abstenir de lui faire des confidences. Et pourtant, je me confie quand même. Je me confie parce que j'ai vraiment besoin de parler à quelqu'un de ce qui m'angoisse. Et aussi parce qu'elle me semble la personne la plus indiquée pour me conseiller sur ce sujet délicat dont j'ignore tout mais sur lequel elle est, quant à elle, intarissable : le sexe.

Il me faut de longues secondes avant de trouver le courage de me lancer.

_ Avec Théo, on a décidé qu'on le ferait ce soir.

_ Que vous feriez quoi ? relève-t-elle, comme elle ne voit visiblement pas à quoi je fais référence.

Je n'ai pas besoin de lui répondre. L'air embarrassé sur mon visage et mes joues rougissantes suffisent à lui faire comprendre de quoi je parle.

Juste une fille bien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant