Chapitre 3 (Théo)

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_ Debout là-dedans ! crie mon père en tirant d'un coup brusque sur le rideau.

La lumière du jour inonde immédiatement la chambre, agressant mes yeux accoutumés à l'obscurité. Ce matin, mon père a décidé de me réserver un de ces réveils brutaux dont il a le secret. Le temps de retrouvrer la vue et je jette un oeil au réveil. Il est à peine six heures du matin. Agacé que mon père m'ait ainsi gâché la nuit, je tonne à son encontre :

_ Bordel papa, c'est quoi ton problème ? Les cours ne commencent qu'à huit heures, pourquoi venir me réveiller si tôt ?

Sans attendre sa réponse, je me redresse sur le lit et je le trouve au pied de celui-ci, en train de me fixer avec l'air sévère qui le caractérise, les mains plongées dans les poches de son survêtement. Un survêtement ? Mon père n'en porte jamais sauf quand... L'information fait aussitôt tilt dans mon cerveau.

_ Ah non papa ! je lui hurle comme je connais désormais la raison de ce réveil aux aurores.

_ Oh si ! Je te donne deux minutes pour te mettre en tenue et venir me rejoindre devant la maison, me dit-il en retour d'un ton quasi-militaire.

Depuis le temps je devrais savoir qu'il ne sert à rien de protester car ma relation avec mon père est ainsi faite qu'il ordonne et que je m'exécute mais je proteste quand même, comme un moyen de lui témoigner tout l'ampleur de mon mécontentement :

_ Non, je refuse de me lever à cette heure indécente pour aller courir avec toi.

_ Je ne te donne pas le choix. Alors enfile une tenue de sport, chausse tes chaussures de course et rejoins-moi, réplique mon père qui, comme je m'y attendais, ne veut rien entendre.

_ J'ai besoin de me reposer, la récupération fait partie intégrante de la vie d'un athlète, je plaide encore tout en sachant pertinemment que ça ne le fera pas changer d'avis.

_ Tu te reposeras quand je serai mort. Et la récupération c'est pour les perdants, riposte-t-il. Toi tu es un gagnant, tu n'as pas besoin de récupérer, tu dois travailler dur. Et puis je ne vois pas pourquoi tu serais fatigué, tu n'as rien foutu de l'été.

Par rien foutu de l'été mon père entend me rappeler que je n'ai pas eu cours depuis deux mois ce qui est le principe des vacances annuelles. Mais de là à dire que je me suis tourné les pouces, il exagère un peu, beaucoup même quand on sait que je viens de passer de longues semaines à m'entraîner matin et soir pour arriver en forme pour le début des compétitions.

Devinant que je m'apprête à le contredire, il ajoute :

_ C'est une année charnière, de tes résultats scolaires et sportifs des prochains mois dépend ton entrée dans une grande école américaine. C'est maintenant que tout se joue. Tu dois mettre le bouchées doubles à l'entraînement, et ça commence par aller courir avec moi ce matin.

Mon père veut le meilleur pour moi. Il a de grandes ambitions me concernant, et je ne vais pas le lui reprocher, moi-même j'entends réussir de grandes choses, simplement j'aimerais qu'il soit plus à l'écoute et qu'il arrête de toujours tout décider pour moi.

_ Je sais que cette année est importante mais tu n'as pas à t'en faire. Je serai à la hauteur de tes attentes, que ce soit au lycée ou sur le ring.

_ J'y compte bien. Ce n'est qu'avec de très bonnes notes et des performances sportives de haute volée que tu pourras prétendre rentrer dans un établissement prestigieux.

_ J'y arriverai. Je suis un très bon élève et sur le ring, j'ai déjà montré que j'étais le meilleur. Il n'y a pas de raison que ça change.

Dire cela ne me paraît pas prétentieux, ce n'est que la pure vérité. Je travaille beaucoup et je ne vais pas m'excuser de réussir. En principe, mon père aime me voir faire preuve d'une telle assurance. Il m'a toujours incité à avoir confiance en moi. Dans l'éducation qu'il m'a donnée, il n'a laissé aucune place au doute.

Juste une fille bien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant