1 | L'histoire ne peut pas se finir ainsi

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L'explosion a lieu tellement près que je suis soufflée – violemment projetée contre le mur le plus proche – avant de n'avoir eu le temps de réaliser ce qu'il se passe.

Putain, est-ce une blague ?!

L'arrière de ma tête et mon dos heurtent brutalement la pierre de la couleur du sable dans un bruit sourd, mon cœur s'emballant en réaction au choc ainsi qu'aux cris de détresse émergeants aux alentours. Ma vue – de son côté – se brouille instantanément.

C'est quoi ce bordel ?!

La douleur m'envahit – aussi intense qu'intolérable – le noir s'emparant de moi sans que je ne puisse l'en empêcher. Cette journée avait pourtant bien commencé.

Non mais c'est pas vrai ?! Vais-je mourir ici ?! Seule ?! À plus de deux mille kilomètres de chez nous ?! Non ! Impossible ! Hors de question ! Je refuse que cela se passe de cette façon !

Je glisse jusque sur le sol brûlant et poussiéreux que je foulais quelques secondes auparavant – le sourire aux lèvres – concentrée sur mon travail. Au loin, il y a des coups de feu, des détonations, sauf que je suis incapable de vous les expliquer.

Pourquoi n'avons-nous pas été prévenus de l'imminence de cette attaque ?! Nous l'avions été la dernière fois qu'il y eu un risque ! S'agit-il d'une vraie panne de radio, cette fois ?!

Merde ! Ouvre les yeux, Sarah ! Il y a des gens qui ont besoin de toi ! C'est pour cela que tu as fait le voyage jusqu'ici !

Je tente vainement de lutter, ne parvenant plus à bouger. Mes oreilles bourdonnent encore à cause de la déflagration m'ayant touchée, mon crâne...

Je crois que tu peux donner un dix sur dix à cette douleur, Sarah. Ton tout premier dis donc ! Comment comptes-tu fêter ça ?!

Crois-tu réellement que c'est le moment idéal pour faire des blagues ?! Parce que je suis moyennement d'accord ! J'ai d'autres sujets de préoccupation, figure-toi !

Très bien, peut-être gèreras-tu mieux ta souffrance en te concentrant là-dessus.

Justement, où sont la femme et son bébé dont je m'occupais juste avant l'assaut ?! Sont-elles blessées ? Ont-elles eu le temps de se mettre à l'abri ? Qui veille sur elles ?! Que quelqu'un me confirme qu'elles sont en sécurité ! S'il vous plaît !

Des bribes de phrases me parviennent tant bien que mal malgré le vacarme ambiant. C'est tantôt de l'anglais, parfois en arabe, sauf que je ne comprends absolument rien. Je ne parle pas l'arabe, cela étant dit.

Oh. Mon. Dieu ! Où est Fathia ?!

Il s'agit de la jeune traductrice m'accompagnant dans chacun de mes déplacements depuis mon arrivée au camp militaire, il y a deux mois. Elle m'a appris quelques rudiments, demeurant totalement indispensable à l'exercice de mon métier au sein de ce pays brisé.

Comment va-t-elle ?! Elle n'était qu'à quelques mètres !

Quoi qu'il en soit, les bases de la politesse qu'elle m'a inculquée ne me sont d'aucune utilité dans la compréhension de ce qu'il se passe actuellement. Je n'ai que le son sans les images mais – à priori – les gens ne s'échangent guère des mots gentils, là !

***

Ça fait mal, putain de bordel de merde !

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant