11 | Un hurlement teinté de douleur

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Une fois le convoi démarré, Josh me tend un gilet pare-balles qui lui vaut une réaction complètement incrédule de ma part.

— Peut-être es-tu mon JW préféré, répliqué-je avec sérieux, toutefois il est hors de question que j'enfile ce truc.

Il sourit – visiblement amusé par ma répartie – son frère assis en face laissant échapper un soupir exaspéré. Un de plus, donc. Même si j'avais voulu le tenir, j'aurais déjà perdu le compte ! Pour rappel, je ne suis arrivée qu'hier. Mes sourcils se fronçant, je le toise avec mépris.

Rappelle-moi pourquoi es-tu ici, déjà ? Ah oui, c'est vrai ! Probablement pour me voir me planter. Ou me pousser à craquer. Peut-être les deux ! Va te faire foutre. Cela n'arrivera jamais, laisse tomber.

— Je ne vois pas comment les gens peuvent me faire confiance si je leur montre que j'ai peur d'eux en portant quelque chose de ce genre ! argué-je d'un ton acide.

Les yeux furieux, il ne répond rien.

— Je suis d'accord Sarah, opine le docteur Abbot. Avec Brice, nous le refusons aussi.

Ah ! Merci !

J'adresse un regard reconnaissant aux deux hommes assis de part et d'autre de moi. L'infirmier me répond d'un rictus charmant puis me donne un vêtement sans manches blanc orné d'une croix rouge dans le dos.

— Par contre, m'annonce-t-il, tu vas me faire le plaisir de mettre celui-là.

— Ça me ressemble beaucoup plus, merci.

En le passant, je me sens à la fois satisfaite et stressée face à l'ampleur de la responsabilité m'incombant. Ensuite je m'applique à fixer mon attention vers la fenêtre, observant le désertique paysage défiler en essayant d'ignorer les prunelles sombres de James braquées dans ma direction.

Lui ai-je déjà dit d'aller se faire foutre ?

Pas à voix haute, Sarah.

Ça viendra !

***

Heureusement le trajet silencieux ne dure qu'une quinzaine de minutes, sa présence rendant l'atmosphère irrespirable. Ou alors est-ce son intense attention me parcourant qui m'empêche de respirer. Dans tous les cas il est un problème, donc je saute du véhicule à peine s'est-il arrêté. Je n'ai cependant nullement le temps de détailler les alentours qu'un homme arrive en courant, appelant le médecin avec une anxiété non dissimulée.

— Que se passe-t-il Benjamin ? s'inquiète immédiatement celui-ci.

— Viens vite Christopher ! s'exclame le nouveau venu, essoufflé. Ça fait des heures qu'on a une femme en travail mais cela n'avance plus !

Le docteur me considérant brièvement avant de s'élancer, j'emboîte automatiquement sa foulée.

Femme en travail. Des heures. N'avance plus. Ok. Allons voir à quoi ça ressemble.

— Sarah est sage-femme, explique-t-il.

— Merveilleux ! s'exclame Benjamin dont le visage s'éclaire en découvrant ma présence. Vous allez pouvoir prêter main forte à Aurélia !

— C'est pour ça que je suis là, confirmé-je avec sérieux sans ralentir.

Brusquement, un cri se fait entendre dans le lointain. Un hurlement teinté de douleur, d'épuisement, de panique.

Merde ! Ce n'est pas bon du tout !

Incapable d'écouter autre chose que mon instinct, je pars en courant, laissant les hommes derrière. Finalement je n'ai aucunement eu besoin de chercher la professionnelle endormie en moi. Elle s'est réveillée au son déchirant d'une patiente en détresse, retrouvant le chemin de la sortie toute seule. Vous pouvez me croire, elle est plus déterminée que jamais.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant