Cela fait un an que tu es parti, Jacob.
Voilà ma première pensée tandis que mon réveil me tire du sommeil et que je me redresse pour l'éteindre. Seul.
Il s'en est passé des choses n'entrant pas dans le plan que tu avais fomenté à notre sujet. Ta sœur fait ça tout le temps. Elle déjoue, n'en fait qu'à sa tête. Tu avais raison sur l'essentiel, mon ami, puisqu'elle est réellement tombée amoureuse de moi. Peut-être pas en quelques secondes cela dit, toutefois il faut avouer que je ne lui ai nullement facilité la tâche et que se faisant, je suis devenu difficile à pardonner. J'ai agit pour tenir la promesse, tu ne pourrais prétendre le contraire. Tu n'avais pu imaginer à quel point ce serait difficile bien que même toi elle te surprenait sans cesse. Et je l'aime. Elle est mon univers. Pour toujours.
***
Il est tout juste huit heures lorsque je me gare devant le centre de rééducation de Josh. Tenant absolument à participer à l'hommage ayant lieu ce matin en petit comité au cimetière, il est déjà dehors à m'attendre.
— T'es sérieux ? En béquilles ? Elle va te passer un savon !
Il sourit tristement, s'installant sur le siège passager avec une aisance qui grandit de jour en jour.
— Si ça peut lui permettre de penser un peu à autre chose alors ça en vaudra encore plus la peine.
Il a raison, j'en suis bien conscient, donc opine distraitement.
Je pense à ta douleur, Sarah, appréhendant de te regarder la porter – plus forte que jamais – avec toute cette dignité dont tu ne te sépares en aucun cas.
— James, par pitié ! me raille mon frère. Arrête de rêvasser en pensant à elle ! Tu vas nous mettre en retard.
Je souffle pour remettre mes idées en ordre, démarrant la voiture en silence.
— Ça va aller ? s'inquiète-t-il.
— Bien sûr, affirmé-je dans un rictus douloureux.
Le monde est différent depuis que tu nous as laissé, mon ami. Il y a ce vide impossible à combler, personne n'en souffrant autant que Sarah, tu dois t'en douter. Même si elle avance la tête haute et que tu serais fier comme tu l'as toujours été. Elle est ce livre ouvert incapable de dissimuler la tristesse passant dans ses iris si souvent. Je sais qu'elle entend encore ton rire dans son dos, parfois. Néanmoins elle ne se retourne pas, consciente que tes bras ne sont plus là pour l'accueillir. En prime chez les Oliver on regarde devant soi, pas derrière. Elle tient bon car ne voudrait pas te décevoir, tu resteras toujours son modèle. Avec raison, je sais qui tu étais. Tu me manques aussi. Tous les jours.
***
Il est désormais neuf heures et j'observe Josh avancer lentement. Il revient de loin donc je suis vraiment heureux de le voir ainsi. Soulagé aussi de savoir qu'il va récupérer toute sa mobilité au fil du temps.
Arrivant à hauteur de tes parents, Jacob, ils m'adressent un sourire bienveillant malgré le chagrin perceptible dans leurs yeux, leur posture, leurs gestes. Quelques dizaines de mètres plus loin, devant la stèle portant ton nom, elle est déjà là, assise dans l'herbe. Arrivée la première avec ta guitare, elle chante « The other side » – de Ruelle – annonçant à tous qu'elle ne se remettra jamais de t'avoir perdu. Moi, j'en crève.
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Soyons d'accord
Romansa« La vie continue, petite sœur. Et ton travail, à toi, c'est de la mettre au monde. » *** Pour faire face au décès de son frère soldat, Sarah rejoint sur un coup de tête une mission humanitaire en Syrie. C'est en cherchant à se sentir plus proche de...