43 | La cerise sur le gâteau

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J'essaye tant bien que mal de me remettre du choc de le découvrir ici.

Comment est-ce possible que tu sois là, papa ?

Ou devrais-je dire, général Oliver. L'homme qui place l'honneur au-dessus du reste et a en grande partie forgé celle que je suis. Mon père. Ici. En Syrie. Sur cette base. Face à moi.

Sarah ?

Je sais.

Ce que ça veut dire ?

Oui, c'est très clair.

Je tente de prendre un air détaché, plusieurs soldats nous observant aux alentours, stupéfaits.

Surprise, les gars ! Encore ! Je sais que vous n'étiez nullement au courant !

— Je ne t'attendais pas !

Tu ne trompes personne avec ce genre de phrase d'accroche, ma chère Sarah ! Alors lui ? J'ignore pourquoi tu essayes !

Ça aussi je sais.

Tu as surtout l'air d'une gamine prise la main dans le pot de confiture.

C'est déjà arrivé, cela dit.

Le bocal de bonbons, la boîte à biscuits. Ou la fois où...

Et sinon, crois-tu que c'est le moment idéal pour les anecdotes d'enfance ?

Hum. Peut-être que non.

Son regard m'étudiant attentivement, il sait déjà à quel point je suis démolie autant dedans que dehors puisqu'il me connaît par cœur. Pour couronner le tout mes yeux sont rouges d'avoir pleuré et il a forcément eu un aperçu de mon énième crise face à James.

Il aurait deviné sans cela, ma chère Sarah, mais en effet c'est la cerise sur le gâteau !

Inutile de m'enfoncer, merci !

Néanmoins, il commence par m'adresser ce sourire qu'il n'a toujours eu que pour moi.

— Comptes-tu m'embrasser, mini manchot ? demande-t-il naturellement.

Outch ! Touchée ! Vraiment, papa ?! Tu me sors ce surnom ici, au milieu des hommes auprès de qui je travaille et qui découvrent qu'après « la sœur de », je suis aussi « la fille de » ?! Je vois très bien où tu veux en venir... Tu déclares que tu as eu peur, comme cette fois-là. Que tu m'en veux. Je sais pourquoi. Si tu es là, tu es au courant que je vous ai caché mon séjour à l'hôpital. Je comprends que tu sois furieux, tu sais. Maman doit être dans un tel état ! Pardon... je suis désolée... sauf que je voulais précisément éviter ce que tu fais maintenant. C'est pour cette raison qu'avant mon départ j'avais spécifiquement notifié à l'ENN que vous ne deviez pas être prévenus en dehors d'une urgence vitale. Pourtant ce n'en était pas une même si ce n'est pas passé loin. Tu ne devrais donc pas être informé. Qui t'a prévenu ? Le colonel Smith ? Je suis étonnée qu'il ait pu faire ça dans mon dos, même si j'aurais dû me douter qu'il avait notion du lien entre toi et moi.

Je lui souris sincèrement.

Tu m'as manqué, papa.

— Bien sûr que oui.

Après m'être avancée vers lui pour appuyer mes lèvres sur sa joue, je ne peux m'empêcher de me crisper au moment où ses larges paumes se posent dans mon dos.

Aïe ! Bordel de merde !

Il fronce les sourcils, se reculant pour me dévisager.

— C'est à ce point, constate-t-il d'un ton amer.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant