63 | Un gage de paix

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La porte se refermant derrière eux, je crois qu'aucun de nous deux n'a respiré ces dernières secondes. C'est certain me concernant, en tout cas. Prenant enfin une courte inspiration, je retourne me réfugier derrière mon ordinateur, éteignant la musique au passage.

Ouais. Ce n'est pas comme si la moitié de ma playlist me faisait penser à toi et que je n'avais jamais fait de boulettes avec des chansons en ta présence. Donc « I love you » de Billie Eilish, je doute que ça le fasse

Et puis j'avais du travail, à la base, souvenez-vous.

— Et toi, tu n'as pas faim ? lancé-je d'une voix nerveuse que je voulais détachée en ouvrant ma boîte mail.

Merde !

J'entends un soupir m'apparaissant mi-amusé, mi-nerveux.

— Je crois que le but de la mission était de nous laisser en tête à tête, non ?

Et hop ! Les pieds dans le plat ! Je ne te savais pas si direct ! Bordel !

Je me fige, laissant filtrer un ricanement incrédule sans dévier de mon écran.

Es-tu en capacité de bosser, Sarah ? Loin de moi l'idée de remettre ta crédibilité en cause, néanmoins...

Je sais ! Je fais semblant pour éviter de vriller !

— Pour que nous puissions vérifier si la bonne vieille dynamique qui nous poussait à nous détester là-bas fonctionne aussi à Londres ? attaqué-je par habitude.

Sauf qu'il ne rétorque pas. Prise de court, je lève impulsivement les yeux, réalisant qu'il contourne mon bureau avec un air compréhensif.

Non, non, non ! Arrête ! J'ai besoin de savoir ce que tu penses ! Sauf que...

Pas ici, pas maintenant, hein ? C'est du comique de situation non ?

Ouais, il paraît que ça s'appelle ainsi.

Je cherche mon oxygène tandis qu'il s'accroupit.

Oh. Mon. Dieu.

Mon rythme cardiaque est à son apogée lorsqu'il tourne ma chaise vers lui, replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille dans un sourire irrésistible.

— Je comprends que tu ne puisses m'accorder ta confiance.

Sans blague ?! Mon cœur n'avait jamais été piétiné avant et tu n'y es pas allé de main morte !

J'aurais dû avoir un millier de réponses cinglantes à lui envoyer, toutefois ma respiration est juste brisée par l'intensité de ses yeux verts.

Visiblement je n'ai su apprendre la leçon puisque je te le sers à nouveau sur un plateau.

Différence entre obstination et bêtise. On en parle ma chère Sarah ?

Plus tard, merci !

Ok.

Il sort un emballage en papier kraft du sac pour me le tendre.

— C'est un gage de paix.

Vraiment ?

J'observe le grand rectangle emballé avec hésitation, immobile. À priori mon cerveau est aussi parti faire un tour au buffet. Ou peut-être a-t-il rejoint ma dignité planquée dans son placard. C'est au choix mais dans tous les cas il manque aussi à l'appel.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant