Soyons d'accord

7 | Civile

La prénommée Sacha arrivant à quelques pas de moi – autant satisfaite que fière – une autre voix que je reconnais déjà s'élève à son tour.

— Ouais, je m'occuperai de vous aussi, prévient-il fermement.

Vous ai-je déjà dit que Josh est adorable ? Il se place à mes côtés en croisant les bras sur son large torse, l'allure très sérieuse.

Dis donc ! Impressionnant ! Inutile d'en faire trop, tout de même, je suis une grande fille !

Désormais entourée par les deux soldats, il me faut quand même reconnaître que je sens mon mètre soixante-dix un peu petit. Ce qui est assez rare pour être souligné – d'ailleurs – puisque j'ai tendance à entendre le mot « grande » pour me qualifier. Si je le suis, il est clair que chacun de mes nouveaux acolytes peut répondre à l'adjectif « immense ».

— Retenez que cette femme est une civile, surtout. Le colonel ne vous ratera pas.

Le ton du désagréable sergent James Williams venant de fendre l'air tel un sifflement insupportable, je grimace instinctivement.

Ah. Tu ne l'avais nullement vue venir celle-là, Sarah !

Monsieur joue le berger ?

Sauf que c'est froidement qu'il me toise un instant avant de tourner les talons sans rien ajouter, s'éloignant du silence ayant accueilli sa déclaration. Josh soupire exagérément – visiblement embarrassé – tandis que je lève un sourcil perplexe, tentant vainement de comprendre la raison de cette inimitié.

Ton frère est vraiment bizarre. Comment peut-il me détester, je viens à peine de débarquer !

— Voilà une sacrée entrée en matière ! se moque gentiment mon collègue infirmier en se penchant vers mon oreille.

Ouais. D'ailleurs je suis un peu gênée, je vous avoue. Le colonel Smith m'ayant explicitement demandé de rester discrète, je doute que le moment venant de se dérouler rentre dans le cadre de la définition qu'il doit avoir de ce mot. Ce n'est aucunement en adéquation avec la mienne, en tout cas ! Sacha se tourne vers nous, haussant les épaules avec une décontraction certaine.

— Maintenant que les choses sont claires Brice, je prends le relais pour la suite de la visite, annonce-t-elle avec intransigeance. Ça fait trop longtemps que je n'ai pas papoté avec une fille.

— À plus alors, répond le concerné, repartant vers nos quartiers.

Pressé hein ?

— Je vous accompagne, nous lance Josh dans un splendide sourire.

Sacha le détaillant de bas en haut sans la moindre once de sympathie, réplique, ironique :

— Excuse-moi Williams ! Je n'avais pas remarqué que tu étais une femme !

Il commence à rire franchement, levant les deux mains à hauteur de ses épaules pour montrer qu'il cède.

— Ok, Brown ! Dans ce cas on se retrouve au réfectoire, Sarah, conclut-il, m'adressant un clin d'œil.

— Euh... ok, opiné-je, prise au dépourvu par sa familiarité.

Alors qu'il part à son tour sans se départir de sa bonne humeur, je suis du regard sa démarche fluide, parfaitement assurée. La militaire se racle la gorge pour attirer mon attention et j'expire lentement, levant vers elle des yeux admiratifs.

— Tu sembles très respectée par tes collègues.

Elle laisse aussitôt échapper un rire terriblement contagieux.