C'est une fille. Je l'ai délicatement prise dans mes bras, la confiant au docteur Abbot afin qu'il lui prodigue un examen médical approfondi prouvant qu'elle est en pleine santé.
Putain. Merci.
J'ai invité d'un geste empathique la femme à me suivre à l'extérieur pour pouvoir discuter avec Fathia, les écoutant distraitement sans rien comprendre pendant qu'elle dort dans mes bras, enveloppée dans une couverture de survie. En parfaite condition physique, mais orpheline. Pour tout vous dire, je suis en train de réfléchir, la berçant doucement.
Que va-t-on faire de toi, adorable petite chose ?
Réfléchis, Sarah. Réfléchis vite. Réfléchis bien !
Chut ! J'ai besoin que tu te taises pour ça !
***
Une idée m'étant venue instinctivement, je viens de finir de l'expliquer au médecin ainsi qu'à Brice, qui me contemplent avec un air aussi concerné que soucieux. Le couple âgé – voisin de la mère décédée – étant reparti d'une démarche lente et douloureuse, ils s'occuperont des funérailles de cette femme veuve depuis peu avec d'autres membres du village. J'essaye désespérément d'empêcher mon esprit de s'attarder sur les images de la scène découverte lors de notre arrivée, cela étant réellement difficile.
L'enfant est une priorité, Sarah, impossible de t'effondrer pour l'instant, tu te l'autoriseras plus tard.
Je sais, compte sur moi.
— Effectivement je pense aussi que cela peut fonctionner, me confirme le docteur.
— Es-tu sûre de toi ? s'inquiète l'infirmier.
Je hausse nerveusement les épaules, les regardant tour à tour.
— Ça ne fait que quatre jours donc sur le papier, oui, affirmé-je, fronçant les sourcils. Reste à voir si elle acceptera, toutefois le jeu en vaut la chandelle, non ?
Désormais ils opinent tous les deux, donc mon espoir grandit.
— Tu as raison, concède Brice.
— D'ici il faut compter deux bonnes heures de trajet, indique le médecin. Nous devrions partir au plus vite.
— Pour aller où, au juste ? demande James s'étant approché, suspicieux.
Je pivote vers lui habillée de ma posture professionnelle.
Reste en dehors de mon chemin !
— Je veux retourner au village où nous avons perdu le nouveau-né. Sa mère, si elle va bien, acceptera peut-être d'en prendre soin.
La surprise traversant ses traits ne fait que passer, la colère s'y installant ensuite tandis que sa sentence tombe immédiatement :
— C'est négatif.
Quoi ?! Oh, bordel, arrivera-t-il que tu sois d'accord avec moi ?! Ce n'est vraiment pas si compliqué de te détester, finalement !
Je m'approche pour lui mettre l'enfant sous le nez, rassemblant les lambeaux d'un calme qu'il a trop souvent mis à mal.
— C'est sa meilleure chance ! Les conditions seront meilleures qu'au camp où les allaitantes ont déjà plusieurs bouches à nourrir !
Il secoue la tête, furieux.
Ferais-je un jour quelque chose qui ne te mettra pas hors de toi ?! Non que ce soit réellement important, inutile de méprendre. Mais merde !
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Soyons d'accord
Romance« La vie continue, petite sœur. Et ton travail, à toi, c'est de la mettre au monde. » *** Pour faire face au décès de son frère soldat, Sarah rejoint sur un coup de tête une mission humanitaire en Syrie. C'est en cherchant à se sentir plus proche de...