9 | Connard misogyne

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Je fulmine, toutefois il croque dans un quignon de pain en m'ignorant, affichant un air renfrogné. Sacha et Josh sont figés, ignorant comment réagir face à la tension s'étant installée.

Tu as dérapé, Sarah.

Non ! C'est lui ! Je suis tellement déçue ! L'avais-je idéalisé ? Jacob l'appréciait tellement ! Comment est-il possible qu'il s'agisse de cet homme ?!

Finalement James pose sur moi un regard arrogant, haussant les épaules avec une évidente fausse décontraction.

— Une femme sortant en larmes du bureau du colonel dès le premier jour avec l'allure d'une brebis égarée, qui n'est même pas fichue de tenir sur ses jambes ou de se nourrir correctement, vraiment ?

Son ton tranchant me fait tressaillir, ma colère grimpant d'un cran supplémentaire pendant qu'il crache ses mots avec une dureté dont la raison m'échappe.

Pourquoi me juges-tu sur les quelques minutes que tu as passé en ma présence ?! Tout cela pour une bousculade, sérieusement ?!

— Nous n'avons nullement de temps à perdre à baby-sitter une civile essayant de prouver je ne sais quoi à je ne sais qui en venant dans un pays en guerre !

Je suis sage-femme enfin ! Non une paumée arrivée ici sans but ! Personne n'aurait été envoyé là par hasard, tu le sais ! Je viens travailler ! M'occuper des femmes ainsi que des bébés ! Ne me dis pas que cela n'a aucune valeur ! Quel genre de personne es-tu ?!

Il se redresse, une lueur indescriptible s'agitant dans ses prunelles tandis que sa sentence tombe, sans appel.

— Vous ne serez d'aucune utilité mademoiselle et je vous donne à peine une semaine avant que vous ne refassiez votre valise, suppliant pour un rapatriement immédiat.

Quoi ?! De quel droit affirmes-tu une telle chose sans me laisser le moindre bénéfice du doute ?! Espèce de connard misogyne ! D'aucune utilité ?! Je t'invite à essayer de faire mon job à ma place !

Sacha a désormais la bouche entrouverte tant elle est sidérée. En face, Josh remue la sienne comme pour dire quelque chose, mais je l'arrête d'un geste nerveux. Me laissant lentement glisser sur le banc en bois jusqu'à me retrouver devant l'enfoiré qu'est son frère, mes coudes se posent sur la table et je me penche vers lui sans l'ombre d'une hésitation.

Pari tenu, sergent Williams. Tu viens de me lancer un défi et il se trouve qu'en plus d'être joueuse, je joue uniquement pour gagner. Inutile de perdre mon temps à essayer de te convaincre que je ne suis pas la brebis que tu crois, tu n'en vaux guère la peine. Tu le verras par toi-même, crois-moi. Je ne devrais rien avoir à te prouver, cependant ce sera quand même le cas puisque je veux te voir admettre que tu as eu tort. T'entendre me faire des excuses que je refuserai !

— Et bien James, articulé-je lentement, j'entends votre point de vue, merci de l'avoir exprimé si clairement. Cependant et pour faire simple, soyons d'accord d'être en désaccord.

Il me jauge en silence, ayant pour seule réaction à mes paroles la mâchoire se crispant davantage.

Putain ! Ce type doit avoir régulièrement mal aux dents à les serrer ainsi ! Bien fait pour lui ! Il n'a qu'à pas être si con !

Je lui adresse un rictus narquois l'espace d'une brève seconde, reprenant d'un ton détaché :

— Si vous en avez terminé, je vais vous laisser afin de reprendre mon dîner en vous souhaitant une bonne soirée.

Menteuse !

Ouais ouais, je sais. Qu'importe à quel point je bouillonne, je dois me contenir pour éviter de lui donner raison.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant