Soyons d'accord

58 | On pourrait en faire un bouquin

Josh venant de raccrocher son téléphone, j'ai les yeux dans le vague et le pouls battant beaucoup trop vite. Repensant à la peur que j'ai ressentie à l'idée de le perdre, je me rassure car il récupère incroyablement bien.

— Ohé ! Williams ! m'interpelle Sacha.

Je sursaute et elle ricane.

— Qu'est-ce que tu fiches ?! Ça fait trois fois que Rosemary te dit que ton pansement est terminé.

Qui est Rosemary ?

Sérieux, James ?!

Ah oui, c'est vrai. C'est l'une des infirmières du quartier sanitaire.

Comme Sarah avant elle, elle est venue en renfort lors de l'afflux de blessés liés à l'embuscade. En moins douée, moins fière, moins belle, moins époustouflante, moins ... tout, en fait. Cela dit, la barre est tellement haute. Inatteignable, selon moi. J'ignore pourquoi elle continue à venir faire mon pansement. L'habitude probablement. Et j'avoue n'avoir jamais fait attention à son prénom, m'en fichant totalement, pour être honnête. Ne pensant qu'à Sarah.

Je t'aime.

Josh a reçu une seule balle terriblement mal placée alors que j'en ai reçu trois n'ayant pas fait de vrais dégâts. Juste une légère infection qui traîne mais ne m'empêche nullement de travailler. Du coup, il est rentré et je suis resté. Sachant qu'elle veille sur lui, cela me fait du bien de les savoir ensemble. Ma mère n'arrête pas de me parler de la fabuleuse, magnifique et dévouée jeune femme au chevet de mon frère, peinant à croire qu'il ne soit question que d'amitié entre eux. La fille du général Oliver. Une fille de bonne famille, donc, faisant qu'elle est à la limite de planifier leur mariage. Ils ont le même âge en plus, c'est parfait dit-elle. Néanmoins ça n'arrivera pas, même si je ne peux le lui dire. Malgré le fait que j'ignore par quel miracle il n'est pas tombé amoureux d'elle... J'ai bien vu qu'elle lui plaisait vraiment, au début. Cependant il a vite compris qu'il se tramait quelque chose entre nous et maintenant qu'il sait tout, il ne me ferait jamais cela. Josh a raccroché sans rien dire. Discrètement. Je sais qu'il rejoint son centre de rééducation aujourd'hui.

Putain je suis soulagé !

Il m'a envoyé un message parce qu'elle allait chanter. Elle n'a aucune idée qu'il fait ça dans son dos de temps en temps. Je pense d'ailleurs qu'elle n'apprécierait guère de l'apprendre. Elle n'a nullement cherché à me contacter après son départ, ne parle jamais de moi avec Sacha – ou alors je n'en sais rien – ni avec Josh. Est-ce par colère, fierté, indifférence ou compréhension ?

Moi en tout cas, mon amour, je garde le silence car tu es partie avec toute ma volonté. Je t'aime. Encore deux mois... Me laisseras-tu m'expliquer ? Cette chanson m'était-elle adressée, Sarah ? Suis-je fou de l'espérer ?!

— Sergent Williams ? s'inquiète une voix fluette. Allez-vous bien ?

Je cligne des paupières, réalisant que la jeune infirmière a posé ses doigts sur mon bras, m'étudiant avec préoccupation. Je me crispe aussitôt et me lève.

— Tout va très bien. Merci pour ce dernier pansement madame.

— C'est mademoiselle, précise-t-elle en souriant. N'hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit.

— C'est ça, c'est ça, souffle Sacha, visiblement agacée. Allez, amène-toi Williams.

— Oui, je te suis, Brown, confirmé-je en hochant le menton, un peu étonné par son attitude. Bonne journée mademoiselle.

Elle lève les yeux au ciel, m'entraînant en me poussant dans le dos. Une fois dehors, je reçois de sa part une forte tape à l'arrière de la tête.

Mais ?!