44 | Un geste d'amour

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Quelques minutes plus tard, je me retrouve assise dans le bureau du colonel Smith avec mon père, perdue dans les méandres incontrôlables de mes pensées. Abattue.

James Williams sait viser, il n'y a aucun doute là-dessus.

« Encaisse ! Avance ! Tête haute, Sarah ! »

Et avec lui recommence, surtout ! Encaisse, Sarah ! Avance, Sarah ! Tête haute, Sarah ! Merde !

J'entends quelques bribes de la conversation ayant lieu sans franchement y prêter attention, celle se déroulant dans mon esprit étant trop bruyante.

Tu rentres, Sarah. Tu pars. Aujourd'hui.

Mon estomac se tord douloureusement.

Oui... Pourquoi as-tu pris autant soin de moi hier si ton seul souhait était de me voir débarrasser le plancher ? Par culpabilité vis-à-vis de mon frère, sans doute. Tu ne peux plus faire semblant de quoi, au juste ? D'être sympa ? Suis-je si décevante ? Dans ce cas quel était le sens de la douceur de ta main sur ma joue ?! De la pitié ?! Bordel, James, je pars à cause de toi ! Même si tu as raison, cette décision ne t'appartenait pas ! Pourquoi l'as-tu fait ?! D'où est venu ce droit ?!

— Votre fille sait comment faire oublier d'où elle vient, raconte le militaire tandis que mon père retient un rire. Le jour de son arrivée elle a prétendu ignorer si elle devait m'appeler monsieur ou colonel, cela m'a beaucoup amusé !

Ouais. Désolée pour ça. Ce n'était guère fairplay.

— Mais je comprends, continue-t-il. Difficile de se fondre dans la masse de soldats lorsqu'on est votre fille et la sœur d'un lieutenant aussi respecté que l'était votre fils.

Je sens ta fierté, papa. Mon cœur se gonfle aussi. Merci d'avoir compris et de nous parler de lui en ces termes...

Sinon – pour la suite de l'histoire – sachez qu'ils viennent d'organiser une visite du camp de réfugiés. Le général Oliver a beau être un militaire intraitable, il ne refusera pas un au revoir à sa progéniture adorée.

Encore moins après toi, Jacob. Je ne suis pas sûre d'être prête à partir, tu sais. Je me sentais proche de toi ici. Loin de ma routine, de mon confort et de mes habitudes, j'ai pu me relever... avancer.... parce que je suis une Oliver. C'est ce que nous faisons.

— Je veux les deux sergents Williams pour nous accompagner.

Je souffle brutalement.

Sérieux, papa ?! Tu es pourtant si clairvoyant !

Il m'enveloppe de son regard bienveillant et je lève un sourcil interrogateur.

Qu'as-tu en tête ?

Pour toute réponse, il me sourit.

Tu n'es pas du genre à dévoiler tes plans... Jacob était tellement comme toi pour ça. C'est la raison pour laquelle j'ai immédiatement cru James quand il a parlé d'une promesse. Moi, je suis aussi impulsive que transparente, comme maman.

— Bien entendu mon général. Je m'occupe de tout mettre en place pour le début d'après-midi, confirme le colonel.

Mon père opine avec satisfaction, se levant en me tendant la main.

— Me ferais-tu visiter ?

Attrapant ses doigts, il m'aide à me lever.

— Bien sûr papa, approuvé-je, pivotant vers le colonel. Je dois vous remercier pour mon temps ici.

— C'est moi qui vous remercie mademoiselle Oliver. Je sais la bonne humeur que vous avez apportée et vous suis très reconnaissant pour votre aide auprès de mes hommes blessés.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant