47 | Sans que nous n'ayons besoin de mots

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Je hoquète sous le coup de l'émotion.

— Mais... comment ?!

Jamais je n'aurais pensé que...

— C'est James qui les a évacué.

Il y a un doux sourire sur son visage et beaucoup de fierté dans la voix de Josh.

Pardon ?!

Je lève vers mon ami un regard d'une incrédulité la plus totale.

— Après que tu... tu sais. Il a dit qu'il ne partirait pas sans elles.

Vraiment ?!

Il opine, les contemplant avec une bienveillance sincère.

— Il disait que tu ne supporterais pas que quelque chose leur arrive et que la zone n'était plus assez sûre pour assurer leur accompagnement. Il a donc préféré les installer ici, les confiant à Aurélia en affirmant que c'est ce que tu aurais fait.

Putain ! C'est tellement vrai ! J'aurais défendu cette décision envers et contre tout ! J'en étais malade de penser qu'elles étaient abandonnées à leur sort ! Elles ont hanté chacun de mes cauchemars depuis ce jour-là ! Mais pourquoi s'en est-il soucié ?! Lui qui s'était expressément opposé à mon idée !

Néanmoins, je ne suis absolument pas en état d'approfondir cette question, les sentiments me submergeant étant trop violents. Vous l'avez compris... que la femme et le bébé que j'ai réunies me font face et qu'elles resteront – j'en suis persuadée – ma plus incroyable expérience autant professionnelle qu'humaine. Cette fois encore nous nous regardons, nos yeux s'exprimant sans que nous n'ayons besoin de mots pour nous comprendre.

Merci.

M'avançant lentement, elle se positionne naturellement pour me permettre de prendre sa fille dans mes bras. Dans ses traits, chacun peut apercevoir cet éclat magique d'une femme revenue à la vie grâce au bébé d'une autre à son sein, cet enfant que le destin a finalement choisi pour elle. Je n'étais présente que pour faire le lien, le passage, vivant sans aucun doute le plus beau rôle de mon existence.

Merci.

Sans hésiter une seule seconde, je l'attrape délicatement, la déposant au creux de mon cou, juste à l'endroit où elle était la première fois.

Merci.

J'inspire profondément sa parfaite odeur de nourrisson et malgré mon cœur se tordant affreusement, c'est un au revoir parfait. Un adieu, je le sais, n'osant encore accepter ce mot. Peut-on réellement l'employer, sachant que les images vont rester gravées dans notre mémoire ? Les émotions dans notre cœur ? Alors c'est seulement un au revoir, n'est-ce pas ?

Oh. Mon. Dieu. Celui que je n'avais osé rêver... James ! Merci ! Comment fais-tu pour être à la fois la personne me mettant le plus en colère au monde en étant aussi celle ayant ces gestes m'atteignant comme personne ne l'avait fait avant toi ?! Tu as réalisé tout cela... pour moi ? Mais enfin ?! Pourquoi ?!

Me tournant pour le chercher, je le découvre quelques dizaines de mètres plus loin, immobile, me contemplant, son expression impénétrable sur le visage. Je dépose mes lèvres sur la petite tête posée contre ma peau, incapable de retenir un sourire sincère, articulant à son attention un merci silencieux. L'heure n'est plus aux règlements de comptes parce que ça, c'est un cadeau inestimable. Une nouvelle larme m'échappe et disparaît dans les cheveux du bébé tandis qu'un trop grand nombre d'émotions se bousculent dans mon esprit.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant