57 | Un sourire triste que personne ne verra

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Londres.

Cimetière Highgate.

Un mois et demi plus tard.

***

Inspirant profondément avant d'ouvrir les paupières, je profite de l'odeur printanière entourée par l'agréable mélodie du chant des oiseaux. Levant douloureusement la tête, j'observe les alentours... tout étant paisible et nature entre les sépultures. Au loin, une femme âgée m'adresse un doux sourire empreint de compréhension, mon cœur se serrant alors que je lui rends lentement. Ceux venant ici pleurant tous quelqu'un, nous nous comprenons, nous soutenant silencieusement. Posant la guitare sur le sol où je suis assise en tailleur, j'hésite un instant à rester plus longtemps.

Je me sens bien, là, près de toi. Même si tu ne répondras jamais à mes questions et que je parle toujours toute seule. J'entends ton rire, sens ta main se poser sur mon épaule. Ce sont des choses que je n'oublierai jamais. Peut-être devrais-je te chanter une autre chanson... le voudrais-tu ? Je ne me sens pas prête à partir aujourd'hui, hélas il est déjà huit heures, je dois vraiment y aller sinon je vais être en retard et c'est trop important.

Je me relève péniblement, déposant un baiser sur le bout de mes doigts avant de les glisser sur le marbre clair de la pierre tombale.

Je t'aime. Pour toujours.

Finalement je me détourne en réprimant un soupir tremblant, prenant la direction de la sortie. C'est une belle journée ensoleillée qui commence.

***

Une heure plus tard, je me lave soigneusement les mains pour pousser les portes du service des soins intensifs du Royal London Hospital. Croisant Sally, une infirmière que j'ai appris à connaître ces dernières semaines, cette dernière me lance un regard désolé.

Hum...

— Encore ? soupiré-je.

Elle hausse les sourcils, opinant avec un air blasé.

— Oui. Encore. Je pense qu'il n'écoutera que vous !

J'esquisse un sourire triste en saisissant la poignée.

Je vais devoir te secouer un peu !

— Disons que je suis loin de posséder votre complaisance.

Elle me sourit, amusée.

— Je vous attends dans dix minutes pour sa toilette, affirmé-je. Il n'aura nullement le choix.

— Parfait ! À tout de suite.

J'ouvre, découvrant une chambre plongée dans la pénombre, les rideaux étant encore totalement fermés bien que dehors le soleil soit radieux.

Je veux que tu en profites.

Le scope est éteint, le respirateur artificiel rangé puisqu'il n'en a plus besoin depuis un mois. J'étouffe un soupir en l'observant – allongé sur son lit, immobile – écoutant un instant sa respiration aussi lente que régulière. Sur l'étagère fixée au mur, le pousse seringue de morphine laisse entendre le léger bruit de son moteur.

— Je sais que tu fais semblant de dormir, sergent Williams, chuchoté-je sans obtenir de réaction de sa part.

Evidemment.

Décidée à l'emporter, je m'avance, passant doucement ma paume dans ses cheveux bruns en observant son beau visage impassible, n'ayant pas davantage de succès.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant