66 | La boîte de chocolats

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Le chant des oiseaux se faufilant par la fenêtre s'occupe de me sortir du sommeil en douceur. Instinctivement et surprise de ne pas sentir le contact de son corps chaud contre le mien, je tends un bras vers son oreiller sans le trouver, ouvrant immédiatement les paupières.

Merde ! Je déteste vraiment me réveiller sans toi !

C'est la raison pour laquelle je lui ai demandé de rester avec moi dès son retour de Syrie. Était-ce fou ? Probablement. Cela dit, ça n'a choqué personne et j'entends encore la moitié du régiment s'exclamer « Et bien ! Il était temps ! » derrière un Chase amusé. C'est ce que nous sommes. Deux personnes folles l'une de l'autre ayant passé beaucoup trop de temps à se rêver pour pouvoir se quitter. À cette pensée, je jette un œil à la photo de Jacob posée sur ma table de chevet. Le cadre est encore retourné, donc un sourire amusé se dessine sur mes lèvres en repensant à la première fois où c'est arrivé. Il y avait des choses qu'il ne pouvait faire devant mon frère, avait-il affirmé cette nuit-là. Dans un ricanement moqueur, j'avais répliqué qu'en faisant son plan il savait très bien que nous ne nous contenterions pas de nous tenir la main dans un amour platonique toute notre vie. Pourtant il avait grogné, le renversant en prévenant que ça, ce n'était guère négociable. J'aurais pu le taquiner encore, mais j'ai cédé parce que je le voulais beaucoup trop et que ses lèvres explorant enfin chaque parcelle de ma peau était un argument définitivement imparable. Depuis, c'est un jeu entre nous. Je la relève, puis il la rabat. Souvent. Il gagnera à chaque fois. Son corps et le mien, emboîtés, c'est encore plus parfait que ce que j'avais imaginé. Et c'est sans vous décrire son air émerveillé lorsque je gémis son prénom...

Bordel de merde, je ne pourrai jamais m'en lasser !

Je profite un instant de sa place dans le lit pour m'imprégner de son odeur avant de me lever.

Je t'aime. Mais où es-tu, James ?

Il avait prévu de rester avec moi hier – pour la commémoration en l'honneur de Jacob – ainsi qu'aujourd'hui, toutefois la maison est silencieuse. Hope étant endormie sur la couverture à mes pieds, je m'extirpe doucement des draps pour aller voir s'il m'a écrit un mot sans la réveiller. Le mur en peinture ardoise dans la cuisine est couvert des messages que nous nous sommes laissés ces deux derniers mois. Sauf que comme nous n'arrivons pas à nous décider à les effacer, je me demande s'il nous faudra repeindre la maison entière. Une décoration faite de mots d'amour, cela pourrait être pire, me direz-vous. J'apprends finalement qu'il a dû partir au bureau pour régler un imprévu sur un dossier avec son père et me propose de le rejoindre car il veut m'inviter à déjeuner pour s'excuser.

As-tu idée de comme je t'aime ?! Bien sûr que oui !

Je souris, attrapant une tasse afin de me préparer un thé. Oui, j'ai arrêté le café. En m'installant sur une chaise, je pense à comme je déteste cette boisson noire et amère. Je n'en ai plus besoin pour me sentir proche de mon frère.

« Encaisse ! Avance ! Tête haute, Sarah ! »

Sa voix raisonnant pour toujours dans mon cœur, un soupir douloureux m'échappe malgré tout tandis que mes yeux se posent sur la boîte de chocolats abandonnée sur la table.

Ce n'était pas une blague lorsque tu disais qu'il y en aurait autant que je le voudrai, mon amour.

En fait, je n'ai nul besoin d'y penser et encore moins de demander, il fait apparaître une nouvelle boîte avant même que je n'ai le temps de finir la précédente. J'en croque un en guise de petit déjeuner. Puis deux. C'est une des multiples façons par lesquelles il honore cette promesse faite à mon frère. Et oui, je suis au courant que pour l'équilibre alimentaire, on repassera ! Hélas tout le monde a un vice, non ? C'est le mien. L'un d'entre eux, dirons nous, heureusement que James et moi avons gardé l'habitude de courir ensemble très souvent !

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant