Soyons d'accord

48 | C'est l'heure

Ai-je pleuré pendant tout le trajet du retour vers la base ? Clairement, oui. Pas à gros sanglots, non, mais larme après larme contre l'épaule de mon père, les paupières closes, incapable de me retenir, penser ou me contrôler. Et en dehors de ma respiration brisée, on entendait rien d'autre que le bruit du moteur. J'ai attrapé la main à nouveau tendue de James pour descendre sans oser le confronter, m'éloignant alors que ses doigts semblaient retenir les miens.

Pourquoi fais-tu cela ? As-tu idée de comme ça me perturbe ? Pourquoi est-ce que je ne te comprends jamais ? M'aimes-tu ? Impossible. Dans ce cas tu l'aurais dit, n'est-ce pas ? Pourquoi en aurait-il été autrement ? Qu'est-ce qui t'en aurait empêché ?

Rien. Fais-toi une raison, Sarah. Ils ont tort.

Je sais.

***

C'est Sacha qui m'aide à boucler ma valise.

— À nous la visio ma belle ! lance-t-elle d'un ton enjoué.

J'opine, souriant péniblement. Lamentablement.

— Promis ? insiste-t-elle tandis que j'essuie mon visage de cet habituel revers en reniflant.

Très élégant, ma chère Sarah !

Je ne suis plus à ça près.

— Évidemment que oui, affirmé-je avec conviction.

Elle acquiesce d'un mouvement du menton, oscillant distinctement entre tristesse et satisfaction pendant que je m'avance jusqu'à la porte. Me retournant pour contempler une dernière fois la chambre m'ayant accueillie ces dernières semaines, j'expulse un soupir.

C'est à chaque moment que j'y ai partagé avec toi que je repense, sergent James Williams. Pourquoi ne suis-je pas tout simplement en train de te détester ?

Parce qu'il t'a donné autant de raison de le faire que l'inverse.

Probablement.

Mais aucune explication.

Inutile de remuer le couteau dans la plaie, merci !

Un instant, je repense à son « pas ici, pas maintenant » et mon cœur se gonfle, s'accrochant à cet espoir stupide.

J'aimerais tellement que ce soit là que tu aies été sincère. Sauf que rien n'est moins sûr, même si ton frère ou mon père viennent de me donner des raisons de douter de tes tentatives pour me repousser. De tous ces putains de mots cinglants m'atteignant irrémédiablement !

Fais-toi une raison, Sarah. Ils ont tort.

Oui.

Je ferme en expirant pour me ressaisir, partant saluer mes collègues avant qu'ils ne m'accompagnent vers la sortie. Dehors, Josh, James et mon père m'attendent avec Sacha.

— Alors je t'appelle bientôt, Sarah, affirme Georges en m'enlaçant brièvement.

Je souris, charmante, tentant désespérément de garder le contrôle de mes émotions en les cachant sous un entrain simulé.

— À nous la tournée des bars !

Me détournant, je rejoins mon père qui me dévisage avec un sourcil levé.

— La tournée des bars, hein ?

J'affiche un rictus narquois, l'un des sergents venant de se crisper.

Stupide espoir.

— Et plus si affinités, lancé-je insolemment. Il est mignon, non ?

James déglutissant bruyamment, Sacha ricane.