24 | Ode à l'espoir

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Le silence est pesant dans le véhicule nous ramenant dans le village où nous avons perdu le nouveau-né il y a quatre jours. Sentant la tension dans l'air, le docteur Abbot s'est empressé d'expliquer mon attitude et ses précieux bienfaits pour l'enfant, tel que réguler sa fréquence respiratoire, cardiaque ainsi que son taux de sucre.

Merci. Et ouais sergent JW, la fantaisiste civile emmerdante bosse même en sous-vêtements. Pas mal hein ?!

Il a attrapé son sac d'un geste nerveux, en sortant une veste de treillis avant de s'avancer. Son regard éloquent m'empêchant de riposter, je l'ai laissé me l'enfiler sans un mot, mes iris ancrés aux siens. Ses doigts ne m'ont pas touché, pourtant nous avons tous les deux retenus notre souffle. Et lorsqu'il a effleuré le collier de mon frère, j'ai vu la tristesse traverser ses traits si sérieux.

Jacob ! Tu ne m'avais pas décrit un homme si difficile à cerner ! Me voilà bloquée avec son odeur et bordel de merde, ça le rend difficile à détester !

Malgré tout ce qu'il t'a fait, Sarah ?

Ouais. Je sais. Je ne comprends pas non plus. Je n'y peux rien, il est si déroutant quand il est attentionné, parfois. Je sais que quelque part il cache l'homme merveilleux ayant été le meilleur ami de mon frère. Il n'a pu se méprendre, il était trop bon juge de la nature humaine.

Idiote !

Sûrement.

***

La minuscule petite fille remuant doucement contre ma peau, la douceur de ce contact n'a nul prix sur cette terre ni ailleurs.

Ne te réveille pas encore, s'il te plaît. Nous sommes presque arrivés. Oh. Mon. Dieu. Pourvu... Pourvu... Pourvu...

Massant délicatement son dos avec les doigts de ma main blessée, j'esquisse une légère grimace.

— Tu as mal Sarah ? s'inquiète Chase.

— Ça va, le rassuré-je d'un sourire qu'il me rend avec tristesse. Ça m'apprendra à me laisser déborder.

— Tu es exactement comme ton frère te décrivait. Nous aurions tous dû te reconnaître, quand j'y pense. C'est tellement fou de te voir vibrer, là. Je comprends vraiment pourquoi il était si fier de toi.

Oh... merci...

Une larme perlant au coin de mes yeux, il s'empresse d'afficher une moue taquine, souhaitant visiblement détendre l'atmosphère.

— Et maintenant on sait aussi pourquoi il ne partageait aucune photo de toi !

Alors elle s'échappe en même temps qu'un petit rire nerveux.

— Vous ne pouviez pas me reconnaître, avoué-je finalement dans un soupir douloureux. Je ne suis plus la même depuis qu'il est parti.

Ce jour là j'ai viré mon cœur puis il est rentré différent. Hors de contrôle.

Il presse doucement mon genou avec compréhension, le bébé hoquetant dans mon cou m'empêchant de sombrer. Je commence aussitôt à lui fredonner « All the pretty little horses » afin de me ressaisir et mettre fin à cette conversation.

Tu me chantais cette berceuse lorsque j'étais petite, Jacob. J'avais toujours pensé que tu le ferais pour les enfants que j'aurai peut-être un jour. Tu me manques tellement. Je souffre de savoir que je n'entendrai plus jamais la douceur de tes mots. Que si j'ai un bébé un jour, il n'aura pas la chance de connaître la merveilleuse personne que tu étais.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant