Comment ?!
Je secoue la tête, me reconnectant légèrement à la réalité.
— De quoi tu parles ?
Il prend une grande inspiration – ayant vraisemblablement pour objectif de me passer un savon – mais le docteur Abbot lève une main pour l'arrêter pendant que Brice me tire dans ses bras avec douceur.
— Arrêtez-vous, sergent Williams, lui commande le médecin de son éternelle voix calme et professionnelle. Sarah est en état de choc, ne dites rien que vous pourriez regretter.
James lâche mon visage, gardant le silence en s'enfonçant brutalement dans son siège. Moi, je prends petit à petit la mesure de ce qu'il s'est passé, donc articule péniblement :
— Je suis désolée.
En face, les yeux toujours brillants de colère, le sergent Williams me fixe intensément, semblant ne plus pouvoir se contenir. Ne plus le vouloir en tout cas.
Vas-y, crache ton venin, je suis presque rodée à l'exercice de toute façon.
— Putain Sarah, rentre chez toi, lâche-t-il simplement d'un ton neutre. Tu n'aideras plus personne en étant morte.
Attends une minute ?! Viens-tu d'admettre à voix haute que je suis utile ?
Laisse tomber, Sarah. Tu as sûrement mal compris tant tu es confuse.
Ouais. Sans aucun doute.
— Arrête maintenant James, ça suffit ! proteste son frère, posant une paume agacée sur son bras. Pourquoi es-tu aussi dur avec elle ?!
Bonne question ! Merci de l'avoir posée !
Les deux hommes s'affrontent pendant un bref instant, en désaccord flagrant à mon sujet.
— Tu demandes pourquoi ?! s'agace James d'une voix sifflante. Ce qui vient de se passer ne te suffit pas ?!
Brice – qui jusque là gardait le silence en me serrant contre lui – réplique sèchement :
— Pour rappel, nous allons tous bien ! Et je la comprends. La première fois j'ai mis du temps à réagir aussi. Pourtant je faisais juste un pansement ! Je ne venais pas de perdre un bébé dans la complication d'un accouchement et de sauver la vie d'une femme !
Il fronce les sourcils alors que la mâchoire du soldat se crispe, poursuivant sa tirade sur le même ton.
— Malgré tout personne ne m'a descendu comme tu es en train de le faire. Je vois bien que tu as un problème avec elle depuis le premier jour, pourtant je n'arrive pas à comprendre lequel, ni pourquoi tu t'es assigné toi-même à sa protection si c'est pour être si con. Personne ne te reconnaît !
Je ne le connais qu'ainsi...
— J'ignore par quel miracle elle supporte ton comportement de merde, James ! À sa place j'aurais demandé depuis belle lurette que tu sois assigné autre part !
Le pire dans tout ça c'est que je ne le veux même pas, qu'il soit ailleurs.
Ce n'est pourtant nullement ton genre de te laisser maltraiter sans réagir, ma chère Sarah !
Je sais...
James souffle nerveusement mais ne réplique rien. Si j'avais été dans mon état normal, j'aurais applaudi en réaction aux mots de mon collègue, ajoutant probablement une réplique bien relevée. Pourtant j'observe juste l'échange sans trop le comprendre, ne pouvant m'empêcher de tordre mes doigts en pensant à la femme que nous venons d'abandonner derrière nous. Avec un regard empathique, le docteur Abbot se penche dans ma direction, posant une main chaleureuse sur mon genou. Geste anodin ayant pour effet de tendre davantage l'homme me faisant face.
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Soyons d'accord
Romance« La vie continue, petite sœur. Et ton travail, à toi, c'est de la mettre au monde. » *** Pour faire face au décès de son frère soldat, Sarah rejoint sur un coup de tête une mission humanitaire en Syrie. C'est en cherchant à se sentir plus proche de...
