68 | Pas de mot assez fort

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Alors fatalement nous l'avons fait, mon amour. Au début du printemps suivant, tu m'as dit « oui » dans un sourire, les yeux brillants et une couronne de fleurs blanches dans tes cheveux. Tu étais au-delà de parfaite. Il n'y a pas de mot assez fort pour décrire ce que je ressens pour toi, tu sais. J'ignorais pouvoir être davantage heureux, pourtant tu m'as prouvé le contraire en prononçant ces trois petites lettres d'une voix tremblante, me laissant glisser le long de ton doigt une fine alliance ornée de diamants, bien que celle-ci soit plus souvent autour de ton cou avec ta bague de fiançailles, tenant compagnie au J de ton frère à cause ton travail. La mienne – par contre – est toujours à sa place et je ne l'enlèverai jamais. Elle montre à qui pourrait se poser la question que je suis l'homme d'une seule femme. Toi. Ma. Femme. Et je t'aime. Pour toujours. Nous avions opté pour une cérémonie laïque des plus simples en comité restreint, ce moment n'étant égoïstement rien qu'à nous. Mes parents étaient aux anges, ta mère n'arrêtait pas de pleurer. Ton père – imposant dans son uniforme – avait cet air satisfait de celui ayant toujours su que l'histoire se terminerait ainsi. Tel que Jacob l'avait prédit. Nous deux, c'était une telle évidence. Sacha et Susie étaient à tes côtés. Il n'y avait que Josh du mien, puisque ton frère n'est plus là et que la place lui revenait de droit. Il aurait eu ce sourire en coin ainsi que cette fierté dans les prunelles, nous manquant plus que jamais. Nous sommes ensuite allés le voir, tu as posé ton bouquet dans l'herbe dans un sanglot douloureux, t'effondrant littéralement entre mes bras sans pouvoir te retenir, son absence un jour comme celui-ci étant intolérable. Nous avons glissé sur le sol pendant que je te serrais contre moi jusqu'à ce que tu sois capable de te remettre debout. Lorsque tu as finalement relevé la tête, je t'ai empêché de t'excuser, posant doucement mes doigts sur tes lèvres. Nous n'avons rien dit. Comme à chaque fois les mots étaient inutiles et de toute façon tu ne les aurais pas supportés. J'ai attendu que ce soit toi qui me tire par la main pour me faire signe que tu étais prête à rentrer. J'aurais patienté toute la vie s'il l'avait fallu étant donné que je t'aime au-delà de tout. Je tiens ma promesse, mon ami.

***

Réveillé le premier, je la regarde et ne me lasserai jamais de ce spectacle. Voilà deux mois qu'elle s'appelle Sarah Williams Oliver. Elle a retourné nos noms dans les deux sens avant de décréter dans une moue décidée que c'est ainsi que cela sonnait le mieux. Moi, je n'allais pas la contredire. Il y a un léger sourire sur ses lèvres.

Je me demande à quoi tu rêves, mon amour.

Incapable de résister, je laisse mes doigts courir sur sa peau nue, sa réaction étant immédiate. Dans un sourire comblé, elle entrouvre un œil avant de se coller davantage contre moi.

Je te veux ainsi pour toujours.

Son bras s'enroulant autour de ma taille, mes yeux ne peuvent s'empêcher de se poser sur l'hématome impressionnant formé sur son coude. Et c'est à cet instant précis, à cette seconde, qu'une sonnette d'alarme retentit dans un coin de ma tête. Une bouffée d'angoisse saisissant instinctivement ma gorge, je tente de les réprimer, faisant appel à la raison.

— James ? s'inquiète-t-elle aussitôt. Quelque chose ne va pas ?

Ses yeux étant désormais ouverts, elle m'observe avec intérêt.

— Tout va très bien, réponds-je dans un sourire que j'espère crédible. Tu as bien dormi ?

Elle se redresse aussitôt, suspicieuse.

Bien sûr, que tu l'es...

Dois-je te rappeler une certaine promesse que tu m'as faite ?

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant