16 | Un accord tacite scellé par un simple sourire

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James avait retrouvé sa mine sombre lors du trajet vers le camp de réfugiés, semblant peut-être encore plus mécontent que d'habitude. Chase, séducteur, n'a pas arrêté de plaisanter, choisissant de s'accommoder de cette étrange animosité entre eux. Brice quant à lui m'observait de son habituel air amusé, le docteur Abbot étant égal à lui même.

***

Je fais le tour du camp pour contrôler l'évolution du poids des bébés avec Brice et Fathia quand un petit groupe de femmes s'avance lentement. Elles échangent quelques mots avec notre traductrice qui se tourne ensuite vers moi, désignant l'une d'entre elles.

— Cette femme me dit qu'elle vient de perdre les eaux et veut savoir si elle peut danser avec toi.

Pivotant vers ma nouvelle patiente, je lui adresse un sourire immense qu'elle me renvoie aussitôt.

C'est définitivement la meilleure des communications !

— Évidemment, approuvé-je. A-t-elle déjà des contractions ?

Elles échangent à nouveau, Fathia me confirmant que le travail est bien commencé.

— Oui, elle en a. Et c'est son sixième accouchement. Elle pense que ce sera très rapide mais sera plus rassurée si tu es à ses côtés.

Mon cœur déborde aussitôt face à la valeur de ces mots si précieux.

Je me sens vraiment accomplie, ici. Tu serais fier de moi Jacob.

— Brice ? Puis-je te laisser continuer seul ?

Pendant qu'il opine avec son éternel air réjoui, je me dis qu'il semblerait que j'amuse vraiment beaucoup ce type.

— Bien sûr, Sarah, va faire ce que tu fais si bien.

— Danser ? répliqué-je en riant.

— Mettre des bébés au monde dans la joie bien que nous soyons dans un lieu comme celui-ci, répond-t-il sincèrement.

Bon sang ! Tu es si gentil ! J'aurais voulu que tu entendes ça Jacob !

***

Pour une raison demeurant obscure à ce jour, James refuse que je garde la porte de l'infirmerie fermée lorsque j'y travaille, alors j'ai déplacé les meubles de manière à préserver l'intimité des patientes et ai accroché un semblant de rideau. Il faut choisir ses combats, toutefois lutter sans cesse contre lui n'est nullement l'une de mes priorités. J'ai vraiment mieux à faire, en réalité. Il finira par lâcher prise et admettre que je n'ai guère besoin de surveillance en continu. D'ailleurs je suis bien restée plus longtemps que ce qu'il avait estimé, non ? En prime, je n'ai aucunement prévu de partir plus tôt.

Désolée ! Ou pas, d'ailleurs.

Bref Sarah, reviens avec nous s'il te plaît.

Oui, je suis tout à fait là.

Aurélia ausculte la femme en couches tandis que je récupère mon enceinte au fond de mon sac à dos. À quelques mètres – dehors – James et Chase sont l'un à côté de l'autre. La tension est palpable, même si je ne m'explique toujours pas pourquoi.

Est-ce à cause de moi ?

Allez concentre-toi, Sarah. Tu as du travail.

Exact.

— Nous sommes à deux ! C'est parti pour la danse ! annonce ma collègue avec entrain.

C'est une méthode que je pratique régulièrement depuis que j'ai lu l'étude du Global Journal of Health Science, qui expliquait que le fait de danser pendant la dilatation du col diminuerait la douleur des contractions, permettant de faciliter le début de l'accouchement. Ici, sans péridurale ni anti-douleurs c'est parfaitement indiqué, inutile de vous faire un dessin. Aurélia quant à elle pratique l'acupression avec succès, me l'enseignant au fil des jours.

Soyons d'accordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant