CHAPITRE 3

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Je dévisage la bande de garçons à moitié nus devant moi, déconcertée. Et eux me scrutent en retour, les yeux écarquillés de surprise, ne s'attendant pas à voir une fille entrer subitement pendant qu'ils se changent.

Lorsque je prends enfin conscience de la situation, je rougis jusqu'à la racine des cheveux et balbutie des excuses minables :

- P-pardon, je... je me suis trompée... je... désolée...

Je referme précipitamment la porte, le cœur battant et les joues en feu. La honte ! Bravo, Emma. Quoi de mieux pour commencer ta première journée dans cette académie que de tomber sur le vestiaire des garçons - ce que signifient en fait les initiales V.G.

Je serre les poings. C'est la faute de ce garçon aux yeux verts ! Il a fait exprès de m'indiquer le mauvais chemin ! Quel abruti ! Et moi qui l'ai trouvé mignon !

Sentant la colère monter en moi, je m'empresse de me calmer. Il ne faut pas... il ne faut pas que je laisse la colère m'envahir. Je ne peux pas déjà tout gâcher maintenant.

Respire. Inspire. Expire. Voilà.

J'attends quelques secondes, respirant profondément. A mon grand soulagement, ma colère s'évanouit. Je dois relativiser. Ce garçon a voulu me piéger, très bien. Si ça lui fait plaisir. Au moins, il a fait sa blague, il ne viendra plus m'embêter.

Maintenant, passons au vrai problème : trouver le bureau du responsable. Le seul moyen de savoir où il est, c'est de demander aux garçons dans le vestiaire. Génial.

Après m'être assurée que je ne suis plus rouge comme une tomate, j'aborde un visage impassible et confiant. Puis, j'ouvre à nouveau la porte. Les garçons se retournent tous de nouveau vers moi, déboussolés par ces deux intrusions successives. Je ne leur laisse pas le temps de réagir.

- Désolée de déranger une deuxième fois. Quelqu'un pourrait-il m'indiquer le bureau de votre directeur ?

J'essaye de regarder leurs visages et non leurs corps musclés ou leurs caleçons de toutes les couleurs. Si je jette ne serait-ce qu'un coup d'œil, je vais perdre mes moyens et me coller à nouveau la honte.

Un silence gênant plane quelques secondes.

- S'il-vous-plaît ? ajouté-je, désespérée.

- Remonte au rez-de-chaussée, lance un des garçons.

J'aperçois celui qui a parlé. Il est assis sur un des bancs, les bras adossés à ses genoux. Il a une tignasse blonde avec les pointes teintes en rouge, comme une crête. C'est une coiffure plutôt atypique.

- C'est la porte à droite des grands escaliers, ajoute-t-il avec un petit sourire amical.

- Super, merci.

Sans perdre plus de temps, je referme la porte et me dépêche de remonter. En haut, j'attrape ma valise et me dirige vers cette fameuse porte, désireuse d'en finir une bonne fois pour toute et de me retrouver seule dans la chambre qu'on m'accordera, je l'espère. Heureusement, le garçon de tout à l'heure ne semble plus être dans les parages. Un problème en moins.

Une fois devant la porte, je prends une grande inspiration. Cette fois, c'est la bonne. A moins qu'ils soient tous des abrutis ici.

Sur la porte, une plaque est accrochée avec écrit dessus « Bureau de la directrice ». Ah, ce n'est pas un directeur. Et le garçon à la crête rouge n'est pas un abruti. C'est déjà ça.

Je toque et attends. Une voix ne tarde pas à retentir, à moitié étouffée par la porte.

- Entrez !

Les dix MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant