CHAPITRE 11

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Devant moi, Mathéo, dégoulinant d'un rouge pimpant contrastant fortement avec ses vêtements sombres, m'assassine du regard. Sans me quitter des yeux, il ramasse d'autres balles, les trempe dans l'autre pot de peinture verte et les lance sur moi à une vitesse et une précision aussi impressionnante que lorsqu'il fait son lancer de fléchettes avec ses couteaux. J'arrive à en éviter quelques-unes mais une bonne partie me touche et bientôt, mes habits se retrouvent à leurs tours couverts de peinture.

Je me mets à courir dans le gymnase en riant malgré moi tandis que Mathéo se défoule sur moi. Il fait beaucoup moins peur avec toute cette peinture sur lui !

Lorsqu'il se retrouve à court de balles, il s'arrête et je fais de même, essoufflée.

- Arrête de rire, ce n'est pas drôle, dit-il d'une voix menaçante.

Je lui souris de toutes mes dents, emportée par l'euphorie du moment.

- Oh que si. Et puis, c'est toi qui as commencé.

- Et je n'ai pas terminé.

Il ouvre les mains, ses yeux métalliques s'illuminant d'un éclat argenté, et des petites boules en fer apparaissent.

- Qu'est-ce que c'est ? je demande mécaniquement.

- Tu vas le découvrir par toi-même.

Il me lance une des boules que j'arrive à esquiver à la dernière seconde. Elle explose sur le mur derrière moi en une explosion de couleurs. Des mini-bombes ! OK, elles ne sont pas dangereuses... mais je suis mal quand même...

Je pousse un petit cri et prends mes jambes à mon cou. Mais même en mouvement, Mathéo ne me rate pas. Il me touche plusieurs fois et je me retrouve colorée comme un arc-en-ciel en quelques secondes. Et en plus, ça l'amuse ! Un rictus triomphant a envahi son visage d'habitude stoïque.

J'essaye d'intercepter quelques boules avec mes mains mais même au contact de ma peau, elles explosent. Je commence à en avoir marre de courir, moi !

Alors, au moment où il me lance une nouvelle boule, je m'arrête, la fixe du regard et envoie toute mon énergie et mon onde dessus. Je m'imagine qu'elle ralentit, l'air suspendu autour d'elle, jusqu'à complètement s'arrêter.

Une force incroyable m'envahit. Je sens comme chaque parcelle de mon corps s'enflammer avec douceur et un halo bleuté se met à scintiller tout autour de moi. Poussée par mon élan de volonté et de magie, la boule s'arrête à quelques centimètres de mon visage.

Derrière, Mathéo arrête ses lancers et écarquille les yeux. Je ne prends pas le temps de rester bouche-bée par ce que je viens de faire et par ce halo étrange qui s'est à présent évaporé ; à la place, je lui lance un sourire rempli de vengeance.

- Oh oh, fait-il.

Je lui renvoie la boule par la force de mes pensées. Elle va si vite qu'il n'a pas le temps de se remettre de sa surprise qu'elle explose sur son mollet dans une fumée colorée. Il fait apparaître d'autres boules, nullement perturbé.

- Ce n'est pas avec ça que tu vas me faire peur, dit-il.

- Je sais, répliqué-je. Mais la donne a quand même changé.

Cette fois, j'arrive à intercepter la plupart des boules par la pensée pour les lui renvoyer. Nous sommes repartis pour une bataille de couleur qui ne se finit que quand nous terminons à terre, Mathéo incapable de faire apparaître une autre boule et moi incapable d'en arrêter et d'en renvoyer une autre, tous les deux à court d'énergie et de magie.

Les dix MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant