CHAPITRE 1

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Un an plus tard

Je me réveille brusquement, les larmes aux yeux et la gorge nouée. Je me redresse vivement en essayant de reprendre mon souffle et de calmer les battements frénétiques de mon cœur écrasé. Puis, je plonge mon visage dans mes mains en gémissant, dégoulinante de sueur.

J'ai encore fait le même cauchemar. Non, ce n'est pas un cauchemar. C'est un souvenir réel et douloureux qui me hante depuis un an. Et qui, depuis quelques semaines, revient me tourmenter de plus en plus fréquemment. C'est déjà la troisième fois cette semaine.

Une fois que le sifflement dans mes oreilles a cessé et que mon cœur s'est apaisé, je relève la tête et je jette un coup d'œil vers ma fenêtre. A travers les volets fermés, un fin rayon lumineux traverse le verre et coupe en deux ma chambre plongée dans la pénombre. C'est déjà le matin mais il ne doit pas être tard puisque mon réveil programmé pour sept heures n'a pas encore sonné.

Sentant que l'angoisse et l'adrénaline sont toujours présentes en moi et que je n'arriverai donc pas à me rendormir, je décide de me lever. Avec un peu de chance, il reste peu de temps avant l'alarme du réveil.

Je jette mes jambes hors du lit et je me penche pour attraper mon téléphone sur ma table de chevet faite entièrement de bois, comme le peu de meubles qu'il y a dans cette petite chambre, c'est-à-dire : une armoire casée dans un coin, un lit presque trop petit pour moi à droite de la fenêtre et un bureau avec une chaise à gauche. Aucune décoration n'y réside, parce que je n'en ressentais pas l'envie.

J'allume mon téléphone et vois affiché sur l'écran de verrouillage : 6:43. Super. Pour une fois que je ne me réveille pas trois heures avant le réveil et étant incapable de me rendormir. J'ai au moins pu me reposer un peu.

Afin de chasser les dernières tâches de noirceur qu'a laissé ce cauchemar sur ma santé mentale, je me lève et ouvre la fenêtre. Une bouffée d'air froid matinal me gifle au visage et m'apaise. Je reprends peu à peu mes esprits.

J'ouvre ensuite les volets et parcours l'extérieur du regard.

Je me trouve au deuxième étage du bâtiment de l'orphelinat qui est assez imposant. En-dessous de moi s'étend une cour donnant sur un grand grillage et un portail d'entrée. La cour est parsemée d'arbres aux feuilles rougeoyantes et marrons qui tombent comme des gouttes de pluie à chaque rafale de vent. Le ciel est grisâtre mais quelques rayons de soleil réussissent à percer les nuages à certains endroits.

J'esquisse un léger sourire. J'aime l'automne. Les couleurs sont magnifiques. Mais c'est aussi un temps et une ambiance déprimants et cela reflète parfaitement mon humeur quotidienne.

Je recule et referme la fenêtre. Ma chambre est maintenant bien éclairée. Je me rends alors compte que ma couette gît à terre de l'autre côté de la chambre ainsi que ma lampe de chevet dont l'ampoule s'est encore brisée, et que ma table de chevet a bougé de plusieurs centimètres. Je soupire et remets tout en place en luttant contre le dégoût de moi-même qui me ronge de l'intérieur.

Je commence à avoir l'habitude de retrouver mes affaires éparpillées n'importe où le matin après avoir fait un « cauchemar ». Ça déclenche toujours une petite crise, cette fameuse onde maudite.

Une fois que tout est remis en place, je me dirige vers mon armoire et pique au hasard dans le peu de vêtements mal rangés que j'ai. J'enfile un jean troué, un t-shirt blanc à manches courtes et par-dessus un sweat gris à capuche avec écrit « Young, dumb & broke » dessus en noir, signifiant « Jeune, stupide et brisé » en anglais. Ça me correspond bien. Je chausse ensuite des converses rouges et je relève mes cheveux châtains dorés et mi-longs en queue-de-cheval, ma coupe de cheveux habituelle.

Les dix MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant