CHAPITRE 14

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Le lendemain matin, après un petit-déjeuner copieux et quelques fous rires avec mes amis, je me rends à l'entraînement. Sur le chemin, mes craintes reviennent, comme à chaque fois que je me retrouve seule.

Mes pensées se tournent d'abord vers les attaques d'hier, anormalement violentes. Même Alyssa en a été surprise avant d'aller se coucher, ayant entièrement confiance en le bouclier pour nous protéger. Malheureusement, je ne suis pas autant sereine qu'elle, n'aimant pas l'idée d'être attaquée constamment par un clan adverse qui veut du mal à l'académie. La directrice m'a déjà expliqué l'origine de ce conflit mais d'autres questions restent en suspens.

Et surtout... que se passerait-il si le bouclier disparaît ? Avec un probable espion entre ces murs, une catastrophe peut si vite arriver... la directrice a-t-elle pensé à une solution ?

Je me mets ensuite à penser à mon entraîneur plein de mystères que je ne vais pas tarder à revoir maintenant que je me trouve devant les portes battantes du gymnase. Et s'il n'est pas là ? Et s'il a décidé d'arrêter les entraînements après ce qu'il s'est passé hier ? Et si, en ouvrant la porte, je découvre le gymnase vide ?

J'ai réussi à contrôler mon don grâce à lui, il est le seul à pouvoir m'aider à m'améliorer. Sans lui, je ne sais pas comment apprendre toute seule et avec la menace du clan adverse, je veux savoir me défendre le plus rapidement possible.

Je me balance sur mes pieds un instant, hésitante et anxieuse, avant de prendre mon courage à deux mains et d'entrer dans le gymnase.

Je suis surprise et soulagée de découvrir Mathéo en train de faire son activité habituelle du matin : le lancer de couteaux. Il est si concentré qu'il n'a pas remarqué ma présence.

Je le regarde faire un instant. Il lance avec tant de précision et d'aisance... c'est fou, j'en suis subjuguée à chaque fois. Il pourrait le faire à l'envers et les yeux bandés, il toucherait quand même le milieu de la cible. Ça fait de lui un dangereux prédateur.

Comme hier.

Sans quitter le devant de la porte, je l'interpelle d'une voix légèrement timide :

- Mathéo !

C'est la deuxième fois à présent que je l'appelle par son prénom. A ma voix, il s'arrête net dans son élan de lancer et se tourne vers moi, les sourcils froncés. Je vois dans son regard qu'il est sincèrement étonné de me voir, ne s'attendant probablement pas à ce que je revienne après sa réaction effrayante d'hier. Il a dû penser qu'il m'avait fait fuir pour de bon.

Au contraire.

Il se ressaisis si vite que la mine étonnée que j'ai aperçue me semble presque irréelle. Il reprend son habituel visage grave et distant bien à lui et qui me fait frissonner malgré moi, les souvenirs de notre altercation d'hier me revenant en tête. Sa rapidité digne d'un serpent, son revolver braqué sur moi, ses yeux assassins presque fous et imprévisibles... je chasse ces images pour me concentrer sur le Mathéo du présent qui fait disparaître son couteau avant traverser le gymnase pour se poster à quelques mètres devant moi.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demande-t-il sèchement.

Pas d'excuses pour hier. Je m'y attendais. Je fais comme si je n'avais pas compris et hausse les épaules.

- Bah, je suis là pour l'entraînement.

Il essaye de garder un visage impassible mais je vois dans son regard qu'il est troublé. Il ne comprend pas pourquoi je suis là, pourquoi je suis revenue malgré son comportement. Son expression calculatrice me montre qu'il essaye de lire sur mon visage une explication logique à ma présence ici mais pour toute réponse, je lui offre un petit sourire. Cela le trouble encore plus.

Les dix MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant