Comme si je venais d'être libérée d'un poids, je m'affale sur le rebord de la fontaine, les jambes flageolantes. Je porte la main à ma bouche, une soudain envie de vomir m'envahissant.
J'ai eu terriblement peur. Pendant un instant, j'ai cru... j'ai vraiment cru que Mathéo allait tirer. Son regard... il ne reflétait pas que la terreur et la fureur... c'était aussi le regard d'un meurtrier, d'un assassin avide de sang. Je n'avais jamais vu un tel regard, que ce soit de lui ou de quelqu'un d'autre. Tout comme je n'avais jamais vu d'arme en vrai.
Je suis complètement perdue. Je ne comprends pas ce qu'il vient de se passer. Pourquoi a-t-il réagi si violemment ? Lui ai-je dit quelque chose qui l'a déplu ?
Non... « Ne me touche plus jamais ». C'est parce que j'ai saisi son poignet, parce que je l'ai touché. Mais cela n'est pas une explication logique à son comportement. Personne ne réagit comme ça quand quelqu'un le touche !
Je remarque que je tremble comme une feuille et je me recroqueville sur moi-même tout en prenant de grandes inspirations pour calmer mon cœur battant. Je frissonne encore de peur, sous le choc.
Il me faut quelques minutes pour arrêter de trembler. N'ayant plus les jambes en coton, je me lève avec précaution. Je n'arrive pas à penser correctement, étant encore renversée par ce qu'il vient de se passer. Je décide de rentrer et d'aller au gymnase rejoindre mes amis. Cela me changera les idées. J'ai l'impression que ma tête fume à force d'essayer de trouver une explication compréhensible sur la réaction de Mathéo.
Je traverse donc le jardin et m'empresse de traverser le hall vide à présent pour rejoindre la porte descendant jusqu'au gymnase. Lorsque j'y arrive, je retrouve mes amis en train de se défouler avec d'autres pensionnaires en jouant à la balle aux prisonniers où la magie semble autorisée pour éliminer les adversaires. J'arrive au moment de la pause, si bien que la petite bande me remarque rapidement en revenant vers les gradins et vient à ma rencontre.
- Ah, Emma, enfin ! Tu as été longue, dit donc ! s'exclame David.
- Ça va ? me demande Sarah. Tu as l'air d'avoir vu un fantôme.
C'est vrai que je dois avoir une sale tête. Je tente de détendre mon visage et de leur sourire, préférant garder l'incident pour moi pour l'instant.
- Oh non, tout va bien, ne t'inquiète pas. Et désolée pour le retard, je... j'ai été absorbée par la beauté du jardin à l'extérieur.
C'est la première fois que je leur mens, même s'il y a une part de vérité, et je déteste ça. Mais comment leur expliquer ce qu'il vient de se passer ? Mathéo à deux doigts de me tirer dessus pour une histoire de contact...
- C'est vrai qu'il est beau, fait David, gobant mon excuse sans difficulté. Mais il faut attendre le printemps pour y faire des pique-niques ! Les arbres ont encore leurs feuilles et les rosiers ont des roses simplement grâce à la magie, sinon le jardin serait aussi terne que le ciel. Mais il fait quand même froid.
- Comme si ça te dérangeait, lance Alyssa à côté de lui. T'as jamais froid.
- Faut bien que mon don ait un avantage, réplique David avec un sourire espiègle.
Je souris moi aussi, un peu plus détendue. Heureusement qu'ils sont là pour me remonter le moral. Dès le départ, ils ont été une bouffée d'air et je ne saurai comment remercier la vie de les avoir mis sur mon chemin.
- Tiens, attrape, me lance soudainement David en me lançant une boule de feu, ses yeux scintillant d'un éclat orangé.
Je sursaute, redescendant sur Terre, et inconsciemment, j'arrête la boule de feu par la pensée, à quelques centimètres de mon visage, au lieu de m'écarter ou de la saisir avec les mains.
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Les dix Mages
Paranormal"Pardonne-toi tes fautes parce que tu en es aussi victime. Pardonne-toi parce que tu le mérites." * Emma vit dans un orphelinat depuis un an suite à un grave accident dont elle est fautive. Et tout ça à cause d'une fichue "malédiction" qui ne cesse...