CHAPITRE 4

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J'ouvre les yeux d'un coup et me redresse brusquement en hurlant comme une tarée, dégoulinante de sueur et la peur au ventre. Je mets quelques secondes à me rendre compte que je suis toujours vivante, intacte et que je ne me trouve plus dans le bureau de la directrice.

Je regarde autour de moi d'un air perdu. Je suis dans une chambre, assise sur un lit au matelas mou et aux draps doux comme de la soie, de couleur bordeaux. Je tourne la tête, sentant une présence à proximité, et aperçois une fille affalée sur un autre lit. Elle est cramponnée au mur, les cheveux en bataille comme s'ils venaient d'être soulevés par une rafale du vent et les yeux écarquillées de stupeur, rivés sur moi. Elle a les cheveux aussi blancs que la neige, courts et coupés n'importe comment, et ses yeux sont d'une étrange couleur violette qui me fascinent. Cette admiration est accentuée par sa beauté simple mais envoûtante, à la fois par sa peau laiteuse et ses traits raffinés.

Je remarque que la partie de la chambre où elle se trouve est très décorée mais que tous les objets décoratifs et personnels sont éparpillés à terre, comme si une tornade venait de passer par là. Je devine rapidement qu'en me réveillant, une onde est de nouveau sortie de mon corps, ravageant la chambre.

- Waouh, fait la jeune fille sans me quitter du regard et sans lâcher son mur. Quand Eve disait que t'étais super puissante et qu'il fallait être prudent avec toi, je ne pensais pas à ça.

Je fronce légèrement les sourcils, la tête encore tournante. « Eve » ? Et moi, puissante ? Je suis surtout dangereuse, oui.

- Je suis restée évanouie combien de temps ? demandé-je d'une voix pâteuse sans prendre en compte sa remarque.

- Une heure, environ, répond-t-elle.

- Et on est où ?

- Dans ma chambre. Enfin, c'est aussi ta chambre maintenant. Du coup, c'est plutôt notre chambre.

Je fronce encore plus les sourcils.

- « Notre chambre » ?

Je ne tarde pas à comprendre que la directrice m'a installée ici sans mon autorisation et malgré ma réticence explicite à mon emménagement dans cette académie. Je me demande dans quel état est son bureau. Et elle. Si elle pratique la magie, elle a dû réussir à se protéger - je l'espère en tout cas.

Mais cet accident prouve donc bien que je n'aie rien à faire ici. Que mon « don » est vraiment dangereux, même pour une académie de magie. Cependant, la directrice a vu l'incident autrement, croyant que cet évènement allait me démontrer que j'avais besoin d'aide et que j'allais donc accepter de rester. C'est pour cela qu'elle m'a placée dans cette chambre.

Sauf que c'est tout le contraire.

Je repère ma valise devant une grande armoire collée au mur en face de mon lit et me lève dans la seconde. Refoulant le vertige qui me saisit, j'attrape mon bagage et me dirige vers la porte, décidée.

- Qu'est-ce que tu fais ? me demande la jeune fille derrière moi, se décollant enfin de son mur.

- Je me casse d'ici, je réponds sèchement.

- Quoi ? Tu ne peux pas faire ça ! Il pleut des cordes dehors et la nuit est déjà tombée !

En effet. En jetant un regard à la fenêtre de la chambre, je remarque qu'il fait aussi noir que dans un four dehors et j'entends la pluie tomber abondamment, des rafales de vent frappant méchamment aux vitres.

- Je m'en fiche, dis-je avec froideur.

Peu importe qu'il grêle, neige, vente. Je ne resterai pas ici. J'ouvre alors la porte mais la jeune fille m'interpelle de nouveau.

Les dix MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant