Je change de tactique.
D'un geste brusque, j'envoie mon genou dans l'estomac de mon oncle. Le souffle coupé, il se plie en deux et me lâche. Je me retiens de justesse de ne pas m'effondrer à terre tout en toussant et en reprenant ma respiration. Puis, avant que mon oncle ne se redresse, j'ouvre de nouveau les paumes vers le ciel. Je me concentre et porte mes pensées vers le sol qui se met à trembler sous mes pieds. Des amas de terre se détachent et se mettent à voleter dans les airs. D'un mouvement de main, je les envoie vers Allan. Il se protège grâce à un bouclier noir, arrêtant avec facilité mes attaques, alors que les silhouettes continuent de se rapprocher inexorablement de moi.
Je dévie alors les mottes de terre pour les envoyer sur les ombres mouvantes qui me dépassent de deux têtes mais les morceaux de pierre les traversent comme s'ils n'étaient une nuée de boue sans consistance. Je coupe mes pensées de la terre qui retombe au sol et concentre mes pouvoirs au centre de mon corps. Puis, j'abats ma main par terre en relâchant la pression, comme si j'ouvrais le bouchon d'un champagne secoué à l'avance. Une onde éclate autour de moi et pulvérise la vingtaine d'ombres qui m'entourait dans un flash lumineux, si puissamment qu'une partie du sol se fissure.
Malheureusement, alors que je m'apprête à esquisser un sourire de triomphe, les ombres réapparaissent immédiatement après que la lumière de mon onde disparaît et elles reforment des silhouettes gluantes comme si mon attaque n'avait jamais eu lieu. Je me redresse avec désespoir.
- Tu ne peux rien contre mes ombres, Emma, fait Allan à trois mètres de moi, se délectant du spectacle. Peu importe ton niveau ou l'intensité de tes attaques, une ombre est indestructible.
Je le fusille du regard mais malheureusement, il a raison. Peu importe ce que je fais, rien ne semble atteindre les silhouettes. Pour les faire disparaître, c'est Allan que je dois atteindre mais il se reclenche comme un lâche derrière ses ombres.
Serrant les poings, je regarde autour de moi à la recherche d'une échappatoire. Il doit bien y avoir une solution.
C'est là que je remarque une chose inhabituelle : au niveau d'une des fissures créées par mon onde, plus grande que les autres, plus aucune ombre ne s'y tient. Elles se mouvent autour mais l'évitent minutieusement. Une idée me vient alors à l'esprit et discrètement, j'envoie une onde traverser mon corps jusqu'au sol, assez fortement pour agrandir une fissure jusqu'à atteindre les pieds d'une silhouette. Immédiatement, cette dernière vacille et grésille comme l'écran d'une télévision mal réglée avant de se volatiliser dans les airs.
Je comprends alors que les ombres ont un point faible : elles ont besoin d'un sol solide pour exister, sans quoi elles n'ont plus d'équilibre et disparaissent d'elles-mêmes.
Voilà le talon d'Achille de mon oncle.
Par réflexe, je jette un coup d'œil vers ce dernier. Il me fixe avec sévérité et je vois à son regard que mon petit jeu ne lui a pas échappé. Il a compris que j'avais découvert sa faille. Je n'ai pas beaucoup de temps pour agir.
Avant qu'il ne s'élance pour m'empêcher d'anéantir ses ombres, je fais de nouveau appel à la puissance de mes pouvoirs. Mon corps entier se met à scintiller comme une étoile bleue, mes cheveux voletant comme si j'étais dans l'espace, et alors qu'Allan fait un pas vers moi pour m'arrêter, je reporte vivement ma main au sol. Cette fois, je ne lâche pas mon onde en dôme mais la propage dans le sol. Je la sens parcourir une certaine superficie sous mes pieds et quand je suis sûre qu'elle occupe un assez grand diamètre, je la laisse imploser.
Comme si une bombe avait explosé sous nos pieds, le sol se fissure d'un coup et de grandes crevasses se forment dans un bruit assourdissant digne d'un tremblement de terre. J'en perds l'équilibre mais vois avec jubilation mon oncle tomber dans un des trous. Il se rattrape malheureusement de justesse au rebord mais c'est avec succès que ses ombres disparaissent une à une autour de lui sous la nouvelle irrégularité de la terre.
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Les dix Mages
Paranormal"Pardonne-toi tes fautes parce que tu en es aussi victime. Pardonne-toi parce que tu le mérites." * Emma vit dans un orphelinat depuis un an suite à un grave accident dont elle est fautive. Et tout ça à cause d'une fichue "malédiction" qui ne cesse...