CHAPITRE 40

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La terreur fait vite place à l'incompréhension. Les mots de Mathéo tournoient dans ma tête : ils sont là. Comment est-ce possible ?

Que fait le clan adverse ici ? Pourquoi nous attaquent-ils maintenant ? Les deux camps viennent de se battre il y a à peine quelques heures, mêlant morts et blessés, et aucun des deux ne peut s'en remettre aussi rapidement. Alors... que font-ils là ?

Je n'ai pas le temps de poser mes questions à voix haute que Mathéo me saisit le poignet et m'entraîne précipitamment à l'intérieur pour nous mettre à couvert. Mais à peine atteignons-nous le grenier qu'une explosion retentit à nouveau et qu'une nouvelle secousse envahit l'académie. Malheureusement, le sort explose pile au-dessus d'où nous nous trouvons et le toit s'écroule sur nous.

Mathéo me rentre dedans et nous projette en arrière de justesse avant que nous nous fassions écraser par les lourdes tuiles du toit. Nous chutons à terre tandis qu'un nuage de fumée envahit le reste du grenier à présent enseveli non seulement sous la poussière mais aussi sous les débris. La lueur de la pleine lune éclaire parfaitement les dégâts.

Mathéo et moi nous redressons, les yeux brûlants. Je porte une main à ma bouche en me pinçant le nez pour respirer le moins possible l'air pollué. Puis Mathéo et moi nous dépêchons de nous frayer un chemin entre les décombres pour dégager l'endroit où se trouve la trappe. Nous descendons ensuite rapidement tandis que l'académie continue à trembler. Imaginer que d'autres parties de la demeure sont en train de s'effondrer à chaque minute qui passe me remplit d'effroi.

Une fois sortis dans le couloir du quatrième étage, nous respirons une grande bouffée d'air, plus pur que celui du grenier. Mais nous n'avons pas le temps de soupirer de soulagement. Dans le couloir, c'est la panique totale. Tous les pensionnaires vivant au quatrième étage sont en train de se précipiter à l'extérieur de leur chambre pour dévaler les escaliers les plus proches, courant pour éviter de finir écrasés sous une nouvelle implosion.

C'est à ce moment-là que je comprends la tactique du clan adverse : ils attaquent notre refuge pour nous obliger à sortir à l'extérieur. Car nous savons tous que rester à l'intérieur alors que l'académie menace de s'effondrer sur nos têtes à tout moment est bien trop dangereux.

C'est malin. Mais cruel. Comme forcer des rats à sortir de leur tanière.

Une nouvelle question me taraude soudainement : comment leurs explosions peuvent-elles atteindre l'académie ? Le bouclier a été restauré, non ? Alors... comment font-ils ?

Je me tourne vers Mathéo qui semble paniqué et sur les nerfs. Comme moi et comme tout le monde ici, il ne comprend rien. Bien qu'il ait travaillé pour le compte du clan adverse, il ne semble pas être au courant de cette soudaine attaque.

- Il faut qu'on trouve la directrice, dis-je d'une voix forte pour couvrir le brouhaha créé par les élèves.

Ma remarque semble faire sortir Mathéo de sa torpeur. Son visage anxieux laisse place à de la détermination, ayant un but dans ce chaos.

- Oui, elle seule pourra nous dire quoi faire.

Il me prend la main et je laisse la chaleur familière de sa paume me rassurer. Tout en me tenant près de lui, Mathéo nous fraye un chemin parmi la foule de pensionnaires qui s'agglutinent vers les escaliers. Nous les dépassons en les bousculant pour atteindre plus rapidement le rez-de-chaussée.

Une fois en bas, il est difficile de se repérer : le hall est couvert d'adolescents qui tressaillent et crient dès qu'une secousse fait trembler l'académie tout entière. Mathéo et moi n'avons même pas le temps d'essayer de trouver la directrice parmi ce bazar que cette dernière apparaît subitement devant nous.

Les dix MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant