Chapitre 1

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« Les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument . La peur ne se fuit pas, elle se surmonte.
L'amour ne se crie pas, il se prouve. »
Simone Veil


Son visage était partout.

À la télévision, sur des affiches dans les rues, dans le regard terrifié de tous ceux que je croisais.  Tout le monde le connaissait. Avant de s'endormir le soir, en se réveillant le matin, tout le monde tremblait face au souvenir de ses yeux bleu aussi glaçant que perçant.

            Durant ses trois années, j'avais assisté impuissante à son ascension.  Du jour où il avait révélé ses pouvoirs au grand jour, à celui où ses sbires et lui avaient pris possession du monde entier.

            Je me persuadais que je n'avais rien pu faire, que m'enfuir avait été la solution la plus sage. Mais lors de journée comme celle d'aujourd'hui, je doutais.   

            Je m'assurais que ma capuche était bien vissée sur ma tête et continuais ma route dans les ruelles presque désertes de la petite ville de campagne dont j'avais déjà oublié le nom. Même si je savais que je ne croiserais que quatre ou cinq personnes, je m'assurais toujours que mon visage soit dissimulé. Mieux valait être trop prudente que pas assez, surtout par les temps qui courraient. Surtout pour quelqu'un comme moi.

            Lorsque je rentrai dans la petite maison pourrie qui nous servait de repère, je l'entendis tout de suite. J'aurais pu reconnaitre sa voix parmi mille autres. La réaction qui s'en suivit était toujours la même.

            Stupéfaction. Peur. Douleur. Colère.

            Encore et encore, depuis 3 ans.

            Sa voix grave et envoutante résonnait dans tout l'appartement. Impossible de fuir.

            Lorsque j'entrai dans la pièce misérable qui nous servait de salon, je ne fus pas surprise de retrouver Spencer, Jarod et Vivi concentrés sur la petite télévision dans le coin du mur.

            Après sa voix, ce fut son visage qui mit ma maitrise de moi-même à rude épreuve.

            La première chose qui vous frappait chez lui, je l'avais déjà dit, c'était ses yeux. Des iris azuréens, braqués sur vous. Sur votre âme. Vos secrets. Il avait un regard ancien, sage, intelligent. Pas de folie, rien de mauvais ou de manipulateur. Simplement des beaux yeux qui reflétaient toute l'intelligence insolente de son propriétaire. Puis, déjà conquis, déjà à sa merci, vous preniez le temps d'admirer sa peau pâle, ses pommettes saillantes, ses cheveux noir corbeau coiffés vers l'arrière, en un mot : la beauté spectrale de toute sa personne.

            Il savait quel effet il faisait sur les gens. On le trouvait beau, certes, mais avant tout, il effrayait. Oui, beau n'était pas le premier adjectif qui venait à l'esprit du commun des mortels en le voyant. Il mettait mal à l'aise, il gênait, il faisait peur. Était-ce dans ses yeux ? Sa posture ? Son sourire à la fois froid et charmant ?

            Selon moi, les gens voyaient tout de suite la dualité en lui. La beauté et le charisme de son apparence - qui était soignée, jusqu'au noir constant de ses vêtements – d'un côté, et la dangerosité de sa personnalité de l'autre.

            Oh, au début, ils ont tous été conquis, nous avons tous été conquis par son aura, ses paroles. À présent, il suffisait de vivre dans le monde qu'il avait créé pour comprendre que sous ses apparences charmeuses se cachait autre chose. Quelque chose de sombre. D'effrayant. Pourtant, même au début, il avait effrayé, nous aurions dû nous écouter. Sentir le danger venir.

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant