L'Ombre d'Alyia - Tome 1

Chapitre 13

[-Ma chère Dana, fit une voix mielleuse que je ne connaissais pas, n'abime pas notre reine de la soirée, je te prie.]

Un verre d'alcool à la main, un homme nous salua d'un bref signe de tête. Un sourire charmeur collé sur les lèvres, il prit place à côté de moi. Il avait un visage magnifique encadré de boucles noires, des yeux marron doux et chaleureux ourlés de longs cils. Il portait des vêtements luxueux, mais n'était pas habillé comme un guerrier ni comme les hauts dignitaires de Vareck. Surement un riche courtisant.

C'était un Vessoryia, mais ses pouvoirs semblaient faibles, mais il y avait quelque chose d'étrange en arrière-plan de son pouvoir, un ton particulier, mais sans la pleine puissance des miens, je ne pus en savoir plus.

Les Faucheurs ne cachèrent pas leur dégout pour cet homme.

-Mêle-toi de tes affaires, Valion, tu n'as rien à faire avec elle, lui répondit dangereusement Dana.

-Ça sera Seigneur Valion, pour toi, petit roquet.

Dana s'apprêtait à riposter, mais il ajouta :

-Je doute que le Seigneur Vareck apprécie de savoir que tu importunes sa protégée.

-Tu as entendu, Dana ? ajoutai-je cruellement. Je crois que ce charmant monsieur voulait te dire que ta place est au pied de ton maitre, et nulle part ailleurs.

Les deux autres Faucheurs se rapprochèrent de Dana et la dévisagèrent avec insistance, sans un mot. Dana fit un pas en arrière, me jeta un regard dur et se retourna. Les trois Faucheurs restèrent non loin de nous, mais assez éloigné pour que nous puissions échanger tranquillement.

J'avais gagné cette manche.

-Merci à vous, soupirai-je.

Il eut un sourire en coin.

-Il n'est jamais bon de devenir l'ennemi d'un Faucheur, dit-il, et surtout de celle-là en particulier. Faites attention à vous.

Je ne pus m'empêcher de rire.

-Il est un peu trop tard pour ça, je le crains. Tous les Faucheurs ainsi que leur saint chef me déteste.

Toute autre personne m'aurait regardé avec effroi pour le manque de respect que je venais d'afficher envers Vareck, pourtant, l'homme gloussa.

-Il est vrai que vous semblez particulièrement douée pour faire des plus puissants de ce monde vos ennemis. (Il porta une main à son cœur.) Mais je ne peux vous blâmer, j'ai moi-même un talent tout particulier pour m'attirer des ennuis.

-C'est ce que j'ai cru comprendre... Valion, c'est bien ça ?

Il fit une brève révérence.

-L'unique.

-Et pourrais-je savoir, Valion, l'unique, pourquoi vous m'avez tiré de ce mauvais pas ?

Son sourire se fit plus discret tandis qu'il baissait les yeux vers son verre.

-Je ne vous avais encore jamais rencontré. J'étais curieux.

-Ah oui ?

Il me regardait, tout sourire perdu.

Il était beau et charmant, mais il y avait une lueur étrange dans ses yeux. Je ne lui faisais tout simplement pas confiance.