Valion me traina dans une sorte de bar miteux, ou plutôt un repère de gens douteux. Il avait suffi à Valion de montrer son visage pour pouvoir entrer, à présent nous essayions de nous frayer un chemin dans la joyeuse cohue des lieux. L'air empestait, les effluves d'alcool, de sang, de tabac embaumaient les lieux. J'avais veillé à revêtir une fine capeline grise, qui me permettait de passer inaperçu au milieu de tous ces hommes - la plupart bien plus âgés que moi. Valion, quant à lui, ne se cachait même pas, et de temps en temps, un homme l'accostait, il serrait des mains, comme s'il se trouvait entouré de hauts dignitaires de Vareck et non dans un taudis.
-Je ne sais pas pourquoi, mais savoir que vous fréquentez ce genre d'endroits ne m'étonne pas, lui soufflai-je. Je suppose qu'il doit également y avoir un bordel derrière ces étranges tissus crasseux ?
Des tissus rouges, usés jusqu'à la corde, disposés au fond du bar laissaient entrevoir des silhouettes féminines dénudées qui dansaient langoureusement.
Valion baissa les yeux vers moi et me fit un clin d'œil.
-Et pas n'importe quel bordel, le meilleur de tout le pays !
-Merveilleux.
-Si un jour vous vous lassez de la compagnie du Seigneur Vareck, je pourrais toujours vous y trouver une place.
-Je passe mon tour, merci.
-Dommage.
Mais je ne pus m'empêcher de sourire. Cela faisait bien longtemps que je n'avais plus eu une conversation aussi légère avec quelqu'un, j'en appréciais d'autant plus la compagnie de Valion.
Valion s'approcha alors d'une table, un peu à l'écart dans l'angle de la pièce, non loin du bar. Trois hommes y étaient attablés, des capuchons dissimulaient leur visage. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais que fut ma surprise lorsque je constatais que les informateurs de la Résistance jouaient... aux cartes.
-Messieurs... ravis de vous revoir ! s'exclama Valion en s'installant en face d'eux.
Il tira le bas de ma cape pour m'inviter à prendre place à côté de lui, je m'exécutais sans un mot.
Les hommes relevèrent lentement leur tête de leur jeu, me permettant d'apercevoir leur visage, et au vu du demi-sourire qui naquit sur leur lèvre, ils reconnurent immédiatement Valion. Leurs yeux balayèrent rapidement ma personne, mais mon visage leur était caché.
-Valion... quel plaisir, commença l'un d'eux à l'accent râpeux.
Au ton qu'il employait, il n'avait pas vraiment l'air heureux de le voir.
Dans la trentaine, c'était tous des Vessoryias, je le sentais grâce à mes pouvoirs et surtout grâce à la puce Vessoryianes noire sur leur tempe. Si Vareck ne m'avait pas demandé de cacher mon don, j'aurais pu me laisser aller à estimer leur niveau, je me contentais ainsi simplement à les observer. Le premier, celui qui avait pris la parole, avait le teint buriné, des cheveux bruns coupés à ras et des yeux bleus. Les deux autres, un bond et un roux semblaient un tantinet plus jeunes.
-Tu nous as ramené ce que tu nous devais ? demanda le roux à mi-voix.
Valion rit.
-Patience les amis. Non, aujourd'hui je vous ramène une plus belle prise.
Leurs yeux naviguèrent vers moi, comprenant le sous-entendu de Valion.
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L'Ombre d'Alyia - Tome 1
ParanormalDans un monde divisé entre humains et Vessoryia - des êtres possédant des pouvoirs exceptionnels -, Alyia est une ombre. Entrée en résistance depuis la prise de pouvoir des Vessoryia sur la planète entière, et l'oppression qu'ils causent, elle se c...