L'Ombre d'Alyia - Tome 1

Chapitre 9

6 ans avant...

Allez, Alyia, tu peux le faire, ça ne doit pas être si compliqué, me dis-je en contemplant ma paume tendue devant moi. Tu as réussi à faire tomber de la neige pas plus tard qu'avant-hier. Un peu de feu, c'est rien du tout.

J'avais toujours été fasciné par le feu, mon élément de prédilection. Et donc tout naturellement, lorsque j'avais compris que j'étais devenue une sorte de mutant aux pouvoirs exceptionnels, sa maitrise était devenue mon objectif principal.

Debout sur mon balcon, au dernier étage de mon immeuble, j'étais solidement campée sur mes jambes, le dos droit, et les yeux fermés. Tout mon esprit fixé sur mon objectif.

Je m'entrainais toujours de nuit, et je savais mon balcon à l'abri des regards indiscrets, l'endroit idéal donc pour pratiquer mon nouvel art. évidemment, je préférais de loin m'entrainais dans la forêt derrière chez mes parents, perdus en pleine campagne. Mais ce soir, mon petit balcon d'étudiante ferait l'affaire.

J'évitais de penser qu'il était plus de 4h du matin, que j'avais cours à 8 heures demain et que je serai probablement épuisée. Il n'y avait que ma paume ouverte et l'espoir d'y voir scintiller une flamme. Cela faisait trois nuits entières que je passais à essayer de faire apparaitre la moindre étincelle, mais pour l'instant, mes efforts restaient vains. Pour l'instant.

J'essayais de faire surgir une émotion, jusqu'à maintenant, la tristesse et la colère avaient été les seuls vecteurs à mon pouvoir. J'essayai de repenser aux évènements qui avaient déclenché chacune de mes manifestations de pouvoir, mais les sentiments qui étaient associés étaient émoussés par le temps. Je pensai alors à mon dernier devoir, mauvais dû au fait que je n'étudiais presque plus depuis la découverte de mes pouvoirs. Le sentiment de déception envahit ma bouche, un gout acre sur la lèvre, je m'accrochai à lui et ouvris les yeux lorsque je vis une douce lumière m'éblouir.

Je soupirai.

Une simple étincelle. Rien qu'une minable étincelle. C'était déjà un bon début, mais je sentais l'impatience m'envahir.

-Tu n'y mets pas assez de cœur, souffla soudain une voix douce et grave à la fois, sans âge.

Je sursautai de peur et collai mon dos contre la rambarde du balcon.

Un homme se tenait devant moi. Drapé de noir, il me regardait calmement de ses yeux d'un bleu limpide. Âgé d'une trentaine d'années, il possédait une chevelure d'un noir d'encre coiffé vers l'arrière, une peau pâle et un visage aux traits si étranges que je n'arrivais pas à savoir s'il était beau ou non. Non que cette information ait une quelconque importance ici, mais... Un sentiment étrange m'envahit.

Cet homme était effrayant, pensai-je soudain. Oui, c'était cela. Attirant, mais effrayant.

Il regarda mes mains.

-Tu es pourtant capable de produire bien plus qu'une étincelle. Même un brasier entier ne serait pas à la hauteur de ta personne.

-Je ne comprends pas, chuchotai-je, le cœur au bord des lèvres.

M'avait-il vu ? Si oui, pourquoi tout ceci semblait-il normal pour lui ? Et par l'enfer, que faisait-il sur mon balcon ?

Il tendit la main devant lui. Si j'avais pu reculer, je l'aurais fait. Sa main entière était faite de feu. Un feu ardent, dévorant, hypnotisant.