L'Ombre d'Alyia - Tome 1

Chapitre 12

Veillant à garder mon masque d'indifférence sur le visage, je plantai mon regard dans le sien. Ces yeux semblaient encore plus clairs que d'habitude, plus calculateurs que jamais. Je me répétais que j'avais accepté de venir à cette stupide réception pour Jarod, Vivi et Spencer, et je me fis la promesse muette de bien me comporter, sinon, jamais Vareck n'accepterait de m'aider à retrouver Vivi. Mes amis et ma famille passaient avant tout, avant ma fierté et ma dignité, si je devais le supplier à genoux de retrouver Vivi, je le ferais. Pour elle.

Je relevai le menton d'un air hautain lorsqu'il arriva enfin à ma hauteur. Je refusais de lui montrer à quel point j'avais peur de lui.

Il ne souriait pas, et pas plus quand il baissa la tête de quelques centimètres à mon attention. Je me figeai, surprise.

Des chuchotements choqués parcourent l'assemblée. Moi-même j'eux du mal à cacher mon étonnement. Vareck ne s'inclinait devant personne, certes, il n'avait pas mis pied à terre, mais ce quasi imperceptible mouvement de tête était suffisant pour catapulter quelqu'un tout en haut de la hiérarchie Vessoryiane. À quoi jouait-il ?

-Alyia Senestra, dit-il d'une voix froide, en me présentant son bras.

Ne sachant pas quoi faire d'autre, je l'acceptai. Je serrai les dents et frissonnai lorsque je sentis ma peau entrer en contact avec la sienne. J'avais la nausée, et la peur que je pensais avoir réussi à dompter se déversa à nouveau dans mes veines.

Escorté par les trois Faucheurs dont les regards me brulaient le dos, Vareck nous conduisit au centre de la pièce. Les invités avaient si peur de lui et des Faucheurs qu'ils y avaient au moins 6 mètres entre les premiers convives et nous. Vareck se retourna vers l'assemblée, la balaya des yeux, et automatiquement, tous s'inclinèrent, pied à terre, pour prouver encore une fois à quel point cet homme les dépassait en tout point. Même sans avoir regardé Vareck, je savais que je n'y passerais pas. Je suivis les autres et m'agenouillais à sa gauche.

Je bouillonnais. L'humiliation me tordait le ventre. Mais je repensais à Vivi peut être morte, et à Jarod et Spencer coincés dans cette maudite cellule et je me calmais automatiquement. Vareck tenait tous ceux que j'aimais dans le creux de sa main, je me devais de mettre mon arrogance de côté. Pour un temps, du moins. Jusqu'à regagner assez ses faveurs pour sauver ceux que j'aimais. Et ensuite... ensuite.. Peu importait.

-Relevez-vous, mes frères et sœurs, aujourd'hui est un jour important pour nous, clama Vareck de sa voix grave et profonde.

Il se retourna vers moi et planta ses yeux dans les miens. Je faillis faire un pas en arrière tant son regard me brula sur place. C'était une pure lumière de triomphe qui illuminait ses yeux. Je n'en avais jamais vu d'aussi éclatante.

-Je vous présente Alyia Senestra, continua-t-il sans lâcher mon regard, autrefois appelé Alyia Marova. Les menottes Vessoryia que vous voyez ici ne vous empêchent pas de sentir l'étrange pouvoir qui coule dans ses veines.

Grand dieu, je n'avais pas vu les caméras partout. Ce moment était diffusé partout dans le monde. L'assemblée retenait son souffle, les yeux écarquillés, n'osant espérer ce que Vareck commençait à sous-entendre. Quant à moi, je ressentais le besoin urgent de me cacher, de m'enfuir. J'avais passé les 3 dernières années à me cacher de tous, à cacher mon pouvoir et ce que j'étais. Jamais, oh grand jamais, tout ceci ne devait arriver.

Désespérée, je suppliais Vareck du regard. Je le suppliais de se taire, de protéger mon secret. Mais j'avais depuis longtemps perdu sa protection et son estime.