L'Ombre d'Alyia - Tome 1

Chapitre 42

            L'air nocturne me fit le plus grand bien, j'avais l'agréable sensation que toutes mes peurs disparaissaient, ne laissant qu'une douce détermination dans mon corps et dans mon esprit.

-Je crois que vous me devez des explications, lançai-je à Valion.

Nous venions à peine de nous glisser, mais il était hors de questions que je laisse Valion s'en tirer comme ça, sans aucune explication. Je savais bien que je n'avais que très peu de temps à passer avec lui, alors je comptais l'utiliser à bon escient.

-Vraiment ?

Il souriait, comme toujours.

-Vous m'avez... (je baissai la voix, ne sachant pas si l'endroit était sûr) vous savez très bien ce que vous avez fait pour moi.

Je haussai les sourcils à son attention.

Il m'avait aidé à m'échapper, il m'avait aidé à faire échapper Spencer, Jarod et Vivi.

-Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

Il m'avait bien dit qu'il ne voulait absolument rien à avoir affaire avec ma tentative d'évasion, mais tout de même, j'avais besoin de réponse.

-En revanche, murmura-t-il en se baissant vers moi, aller directement chez vos parents... quelle idée stupide.

-J'ai compris que fuir ne servirait à rien, alors j'ai préféré sauver mes amis et utiliser ce temps pour faire la paix avec moi-même.

Il secoua la tête.

-Et si le Seigneur Vareck avait refusé de laisser vos petits amis s'enfuir ?

-J'aurais réussi à négocier.

Il rit.

-Quelle naïveté... si le Seigneur Vareck a accepté votre demande, c'est parce que d'une certaine manière, cela lui était bénéfique. Il faudra bien que des membres de la résistance se portent garants de vous, maintenant que vous allez les infiltrer, non ? Vous aurez déjà trois de leur membre dans votre proche, prêt à tout pour vous aider et à intercéder en votre faveur.

Je m'arrêtai net. Valion se retourna, et son sourire s'agrandit en voyant mon expression.

-Vous croyez vraiment que ce n'était pas pur charité qu'il a laissé vos trois amis lui échapper ? Voyons, Alyia, ce n'est pas comme ça que vous allez réussir à égaler les plus grands de ce monde, et encore moins Vareck.

Cela faisait sens, en effet. Jarod, Vivi et Spencer avaient prévu de retrouver la Résistance le plus rapidement possible et je leur avais demandé de leur parler de moi, je leur avais demandé de porter mes excuses jusqu'aux oreilles des dirigeants de la Résistance. Mes excuses, pour m'être cachée, pour n'avoir pas eu le courage de me battre, de me dévoiler à eux. Tout ça corroborerait avec les explications que j'allais leur donner ce soir. Maudit Vareck. Mais au moins, ils étaient tous les trois en sécurité, à présent.

-Mais je persiste à dire que vous auriez mieux fait de retrouver directement la Résistance... nous n'en serions pas là, à présent, soupira-t-il.

-Je ne comprends pas. Dans quel camp êtes-vous ?

Il mit un doigt sur ses lèvres. Ses yeux pétillaient, le clair de lune venait faire miroiter l'or de ses yeux noirs.

-Oh, ce ne sont pas des choses à aborder si tard dans la nuit.

-Ils vous détestent, continuai-je comme s'il n'avait rien dit, mais en même temps ils vous vouent une confiance aveugle. Vareck vient de me laisser partir, avec vous ! Je ne comprends pas. Vous êtes prêt à les détruire et pourtant, pourtant vous venez de fomenter un plan pour les aider à duper la résistance.