Chapitre 5

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Personne ne savait vraiment où se trouvait le quartier général de Vareck et de ses Faucheurs. On racontait que personne ne pouvait s'y rendre « à pied », toute personne voulant y pénétrer devait être escortée par un Vessoryia qui amenait le visiteur par Déplacement - que les humains préféraient appeler téléportation. Ainsi, personne mis à part les Vessoryia – appelés Passeurs - chargés de déplacer toutes personnes qui se rendait au quartier général ne connaissait le véritable emplacement de ce lieu secret. Évidemment, les Faucheurs n'avaient pas besoin de Passeurs, ils étaient au-dessus de toutes lois.

            Et rien dans les alentours ne me donnait le moindre indice sur son emplacement dans le monde. Le quartier général donnait l'impression d'être perdu au milieu d'une forêt aux sapins touffus. Nous aurions pu nous trouver dans les forêts d'Europe, d'Amérique, de Russie... Aucun moyen de savoir où je me trouvais. Je notais simplement que l'air y était plus frais.

            Le bâtiment ressemblait à un complexe militaire ultra moderne. Fait de briques noires, et de larges fenêtres teintées, il avait l'étrange capacité de passer inaperçu et en même temps d'impressionner. Rien qu'en regardant le bâtiment, on savait tout de suite qu'il ne fallait en aucun cas y mettre les pieds.

            Malgré moi, je m'étais souvent demandée où Vareck et son armé avaient élu domicile, et je me maudissais d'observer les lieux avec intérêt. Ce qui n'échappa pas aux Faucheurs. Ils ne dirent rien, mais je sentais leur désapprobation qui me brulait la peau. Je savais que ce n'était pas grâce à eux que j'étais encore en vie, si ça n'avait tenu qu'à eux, je serais déjà morte. Seulement, quelqu'un de plus puissant qu'eux me voulait vivante.

            Un des Faucheurs me donna un coup de pied dans le dos pour me faire avancer, j'étouffai un grognement de douleur et me dirigea vers l'entrée du bâtiment militaire. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en y pénétrant, mais je ne fus pas surpris par ce que j'y trouvais. Des couloirs larges et propres, dépouillés. Et pas un bruit. Pourtant, les couloirs que nous empruntions étaient loin d'être vides. De nombreuses personnes arpentaient le bâtiment, des soldats Vessoryia et humains, ainsi que des esclaves et des dignitaires de deux races. Vareck était un être intelligent, il avait pris le pouvoir sur le monde, mais il n'avait pas exterminé les humains, il régnait sur les deux races. Il en privilégiait une, certes, mais ne cherchait pas la destruction de l'autre. Au contraire, les humains travaillaient pour lui, des hommes politiques, des hommes d'affaires. Nombreux étaient les humains qui s'étaient vendus à lui, qui l'avaient accueilli à bras ouverts. L'argent n'avait pas d'odeur disait-on... le pouvoir non plus. Chacun avait trouvé son intérêt, et puis s'en fut fini de la paix, de la liberté et de la démocratie.

            Je les haïssais tous autant qu'ils étaient pour ce qu'ils avaient fait de mon monde, ce monde que j'avais tant aimé.  

            Personne ne me prêtait attention, mon visage et mon nom n'étaient connus de personnes. Mis à part pour les six créatures qui m'accompagnaient et l'homme chez qui elles m'emmenaient, j'étais une inconnue pour le monde entier. Un choix que je n'avais pas regretté, presque pas regretté... Si je passais inaperçue, ce n'était pas le cas de mes ravisseurs. Tous ces gens qui passaient près de nous étaient de leur côté, pourtant, je voyais sans peine la peur se peindre sur leur visage lorsqu'ils les apercevaient. Humains comme Vessoryia se collaient contre les murs lorsqu'ils apparaissaient au détour d'un couloir. Si la situation n'avait pas été aussi dramatique, j'en aurais ri.

            Les Faucheurs ne me faisaient pas peur, en revanche, l'homme dont je commençais à sentir la présence et le pouvoir de manière de plus en plus importante, m'effrayait. Je le cachais du mieux que je le pouvais, mais j'étais tétanisée de peur. Trois ans que je redoutais cet instant, que je me réveillais en pleine nuit assaillit par des visions de lui, de ma défaite. 

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant