Chapitre 45

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Je fus ramenée dans la pièce sombre, mais cette fois, un orbe pâle flottait au milieu de la pièce, me permettant de voir que la pièce était également creusée à même la roche.

Lorsque la porte fut refermée, je me laissai glisser contre le mur en poussant un profond soupir. Toute la peur, les doutes et l'angoisse que j'avais essayé de maitriser pendant cet échange me submergea, me laissant vidée de toute énergie.

-Vous êtes en vie, quel soulagement ! s'exclama soudain une voix.

Je bondis sur mes pieds, mais ce n'était que Valion.

Il sortit d'un des coins de la pièce, drapé d'ombres, un sourire amusé sur les lèvres.

-Bon sang, vous m'avez fait peur... soupirai-je, en me laissant à nouveau tomber sur le sol.

Je fermai les yeux et laissai ma tête reposée sur la roche dure.

J'entendis Valion s'approcher de moi et s'installer à mes côtés.

-Comment cela était-il ? demanda-t-il au bout d'un moment.

-Je suis en vie, c'est déjà ça. Donc je suppose qu'ils m'ont cru, je ne saurais le dire. J'ai essayé de lire en eux la moindre trace d'émotions ou de réactions, mais ils sont bien entrainés... Mais vous les connaissez mieux que moi, n'est-ce pas ?

-Disons que j'ai déjà eu affaire avec eux auparavant, oui.

-Vous n'avez pas suivi le scénario de Vareck, lui dis-je alors tout bas.

-Vraiment ? dit-il tout en jouant avec un petit caillou trouvé par terre.

-Vous leur avez dit que leur faiblesse était leur affection pour moi. Je ne me souviens pas avoir entendu Vareck parler de ça.

-Vous leur avez aussi dit, n'est-ce pas ? répondit simplement Valion.

-J'ai estimé que cela rendait notre histoire d'autant plus crédible, murmurai-je.

-J'en suis venu à la même conclusion que vous, mais ne parlons pas de cela ici.

-N'en dites rien au Seigneur Vareck, insistai-je.

Il sourit et ses yeux brillèrent d'intensité lorsqu'il les posa sur moi.

-L'idée ne m'avait même pas effleuré l'esprit, souffla-t-il.

Je sentais son souffle sur mon visage.

-Merci, merci de m'avoir empêché de perdre pied en arrivant ici.

Sinon, je n'aurais peut-être pas eu le courage de les trahir.

Valion avait perdu son sourire, il m'observait calmement. Puis lentement, il combla l'espace entre nous. Je le regardai, le souffle court. Sa main se posa sur ma joue, il s'approcha et ses lèvres se posèrent lentement sur les miennes. Son baiser fut fugace, léger, mais étrangement réconfortant. Sans trop réfléchir, peut-être en raison de toute la tension qui descendait, je lui rendis son baiser.

Très vite, il s'écarta, l'or de ses yeux miroitait encore.

-Valion, je ne ...

Il posa un doigt sur mes lèvres, son sourire, doux, cette fois, était revenu.

-Ne dites rien, Alyia. Je sais. C'était un baiser, rien de plus. Je n'attends rien de vous, et n'attendez jamais rien de moi.

Je hochai la tête.

Je ne savais pas pourquoi je l'avais laissé m'embrasser et pourquoi j'y avais répondu, et je préférais que cela ne veuille rien dire pour lui.

-Ce n'était peut-être pas le meilleur endroit, murmurai-je tout de même, en regardant autour de moi, comme si j'allais pouvoir voir une caméra braquée sur nous.

-Mieux vaut ici qu'ailleurs, croyez-moi.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit et nous fûmes tous deux conduits, aveugles, jusqu'au Eryadins.

Lorsque la vue me fut rendue, j'étais à nouveau devant les six, mais pas seule, Valion se tenait bien droit à côté de moi, fier et digne.

Les yeux d'Alrik se posèrent sur moi, et lorsqu'ils se levèrent tous, il les avait encore braqués sur moi.

-Après nombreux échanges, nous acceptons de vous compter parmi les nôtres, Alyia Senestra et nous acceptons votre proposition de travailler pour nous.

Les yeux d'Alrik se firent plus expressifs, et je compris que c'était mon témoignage entier qu'ils acceptaient.

Je baissai la tête en signe de remerciement.

-J'espère être à la hauteur de vos attentes, leur dis-je d'une voix calme.

-Nous n'avons que très peu de doutes là-dessus, répondit-il.

Puis il se retourna vers Valion. Je sentais les regards des cinq autres toujours concentrés sur moi.

-Vous pouvez la ramener d'où elle vient. Soyez prudents et discrets.

Valion s'inclina brièvement à son tour.

-Erin va vous conduire jusque dans la pièce ou vous êtes arrivés et un Glisseur va venir vous chercher pour vous ramener d'où vous êtes venu, continua Alrik. À bientôt, Alyia.

Sans plus de cérémonie, nous quittâmes la salle de pierre, à nouveau aveugle.

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant