Chapitre 46

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4 ans auparavant...

            Je soupirai. La tête dans la paume de ma main, je clignai plusieurs fois des yeux comme si cela pouvait m'aider à y voir plus clair. Peine perdue, les mots et les nombres dansaient devant mes yeux, insaisissables et incompréhensibles pour moi. Je ne saurais dire depuis combien de temps j'avais cessé de comprendre quoi que ce soit à mes cours ni depuis quand j'avais accumulé un tel retard.

            Pourtant, j'aimais ce que je faisais. J'avais toujours rêvé d'étudier la physique et l'astrophysique, et c'était sans hésitation que j'étais entrée à la fac pour étudier ma passion. Au début, c'était très bien parti, j'avais commencé ma licence en travaillant constamment et en restant la plus assidue possible en cours. Puis j'avais commencé à pouvoir de moins en moins rester assise sans bouger, les nausées avaient alors pris le relais, puis des sensations étranges avaient pris l'habitude de me submerger plusieurs fois par jour, et enfin, j'avais commencé à faire des choses que je n'aurais jamais du pouvoir faire. Je ne le savais pas encore à l'époque, mais mes dons commençaient tout juste à émerger, je comprenais peu à peu qu'une énergie singulière et exceptionnelle m'entourait et que j'avais la capacité d'y puiser de l'énergie. J'avais commencé à passer des nuits entières à essayer de comprendre ce qui m'arrivait, mes cours passant peu à peu au second plan. Puis il y avait eu Vareck et les autres... et à partir de là, mes entrainements avaient occupé tout mon temps. Adieu la fac, adieu les révisions, adieu les livres, adieu mon rêve de devenir astrophysicienne. Un an après le début de cette nouvelle vie, j'avais réussi malgré tout à passer in extremis au rattrapage de ma deuxième année. Mais si je continuais ainsi, je ne pourrais jamais continuer en Master. Jusqu'à présent et depuis le début de ma scolarité je n'avais jamais eu de problèmes de compréhension, mais sans travailler ni assister au cours, impossible de faire des miracles.           Lorsque j'avais abordé mes difficultés avec Vareck, expliquant que je ne savais plus où j'en étais, que je ne savais plus ce que je voulais concernant ma vie, que je craignais de commettre une erreur en lâchant ainsi mes études, il m'avait simplement répondu que c'était à moi de décider où étaient mes priorités. Il aurait pu en rester là, mais il avait ponctué sa tirade en disant « Ce jour-là, chez toi, lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, tu m'as demandé de t'apprendre à maitriser ton don. C'est ce que je fais. Si cela ne t'intéresse plus ou si tu souhaites te donner à cette tâche qu'à moitié, tu peux partir. » Et c'était tout. Rien de plus. Pas de mots de soutiens, que dalle. Juste : fais ce que je te dis ou dégage.

            Au souvenir de cet évènement et face à ma frustration grandissante devant mon impuissance, je poussai un cri de rage et balançai mon livre au travers de la pièce.

            Jamais auparavant il ne m'avait dit ce genre de chose. Il pouvait se montrer dur, froid et intransigeant, mais toujours dans l'optique de m'aider à m'améliorer. Mais ça, ces mots, c'était gratuit et inutile.

            Je jetai un œil à ma montre. 20h. Nous étions vendredi soir et c'était les vacances, la plupart des étudiants fêtaient ce soir, et il y a quelques années de cela, j'aurais certainement été des leurs. À présent, j'essayais de grappiller ce temps précieux pour essayer vainement de sauver le dernier pan de ma vie de jeune femme normale.

            J'avais demandé aux six s'ils avaient fait des études et s'ils avaient dû comme moi les concilier avec tous ces entrainements, ils m'avaient brièvement expliqué que oui, ils avaient étudié, mais qu'ils avaient surtout appris par eux-mêmes, que le temps ne leur avait pas permis pas de travailler normalement ou d'user les bancs de la fac. Ils n'avaient pas de véritables d'emplois, ils travaillaient pour Vareck, et j'ignorais véritablement en quoi consistait leur boulot. Ils m'avaient vaguement expliqué qu'ils étaient envoyés sur le terrain dans des pays étrangers.

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant