Chapitre 36

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         Personne ne fut là pour m'accueillir pour mon grand retour au Refuge. Esther se contenta de me dire que ma chambre était toujours au même endroit qu'autrefois, et me conseilla de me tenir tranquille. Autrement dit, je devais rester bien sagement au Refuge, sans chercher à m'enfuir. De toute façon, c'était peine perdue, sans mes pouvoirs, je ne survivrai pas longtemps dans les contrées inhospitalières où était nichée la cachette des Faucheurs. J'étais donc condamnée à errer ici, et Esther le savait bien. Tout comme Vareck.

Dire que cet endroit avait presque était synonyme de foyer pour moi à une époque, à présent, c'était une prison.

Les lieux n'avaient pas changé. Moderne et sobre, de couleur blanc noir et gris, le Refuge pouvait sembler impersonnel et froid, mais lorsque ses occupants étaient là, les lieux prenaient soudainement vie, illuminé par leurs rires, remarques acerbes, taquineries et par la force qui émanait d'eux. lorsque j'étais arrivée, Dana m'avait simplement dit « si tu deviens l'une des nôtres, tu laisses le passé derrière. Ici, tu ne sauras rien de ce que nous étions, seul importe ce que nous serons demain ». Cela m'avait paru d'abord étrange, je m'étais demandée avec angoisse comment j'allais pouvoir discuter avec eux, engager la discussion sans évoquer leur passé, qui ils étaient. Cette crainte due à ma jeunesse s'était vite dissipée, les six pouvaient littéralement parler de tout, pendant des heures. Leur connaissance, leur intelligence, leur patience étaient saisissantes. Je n'avais jamais rien su de personnel sur aucun d'entre eux, pourtant j'avais eu l'impression d'intimement les connaitre. Aujourd'hui, je n'étais plus sûr de rien les concernant.

Lorsque j'entrai dans la chambre qui avait été la mienne. Je restai quelques minutes sur le seuil, pétrifiée de surprise.

Rien n'avait changé. Rien. Un flot d'émotion me submergea. La pièce était telle que je l'avais laissé, il y a 3 ans de cela. Mon livre de physique quantique sur la table de chevet, une série de dagues, d'épées et de katana posée sur le bureau, offerte par à chaque fois un autre Faucheur pour parfaire la panoplie de la parfaite tueuse qu'ils avaient façonnée pendant trois ans. Mais il y avait aussi des vêtements et effets personnels que j'avais laissés là, étant donné que j'avais passé ma majorité de mes weekends ici, ainsi que certaines de mes soirées après les cours, que je ne suivais déjà plus avec beaucoup d'attention.

Rien n'avait été déplacé, il n'y avait pas un centimètre de poussière, la chambre avait donc à être entretenue, comme s'ils avaient toujours su que je reviendrais. Su ou espéré ? Je ne savais laquelle des possibilités était la plus dangereuse pour moi et pour l'avenir du monde...

Je m'assis sur le lit, ne sachant pas comment interpréter l'état de cette chambre. Pourquoi ne s'étaient-ils pas débarrassés de mes affaires ? Aucun n'avait, dans un coup de rage, mis cette pièce sens dessus dessous ? J'avais du mal à le croire, et pourtant...

Se pourrait-il ...

Je me relevai soudain et ouvris l'armoire. Elle était encore là. L'armure de combat qu'ils avaient fait façonner pour moi. Crée avec l'art Vessoryia, la tenue de combat avait été faite sur mesure. Noire et étincelante, je l'avais laissé derrière moi le jour de ma fuite. Je devais bien avouer qu'elle m'avait manqué. Je me souvenais quel plaisir j'avais pris à m'entrainer avec elle, je n'avais jamais pu véritablement combattre de vrais ennemis avec elle, mais j'imaginais sans mal la sensation extraordinaire que cela devait procurer, la pleine possession des mouvements, la légèreté... Voilà ce à quoi j'avais renoncé en quittant ce monde, en quittant les rangs de Vareck. Rien à voir avec les tenues de combat miteuses que nous avions avec Vivi et Spencer. Je savais que la Résistance confectionnait des tenues de combat Vessoryias a certains hauts gradés, mais j'étais certaine que pas même celles des leaders de la Résistance n'étaient aussi résistante et magnifique que la mienne. Vareck lui-même m'en avait fait cadeau.

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant