L'Ombre d'Alyia - Tome 1

Chapitre 38

         Ses yeux marrons pétillaient, et un sourire étincelant étira ses lèvres lorsqu'il remarqua ma surprise.

Valion tenait un verre de vin à la main et, nonchalamment appuyé contre la cheminée, il me contemplait, satisfait.

Mon cerveau tournait à toute allure. Que signifiait sa présence au côté de Vareck ? Pourquoi m'avoir fait appeler alors que Valion était lui-même présent ?

Plusieurs possibilités me vinrent à l'esprit pour expliquer cette situation : soit Vareck avait appris pour notre alliance et la trahison de Valion, et alors, nous étions condamnés. Soit Valion et Vareck étaient alliés depuis le début, Vareck avait cherché à mettre à l'épreuve ma loyauté, et Valion m'avait donc dupé. Ils simuleraient ainsi depuis le début l'hostilité entre eux. Ou bien ils se détestaient bel et bien, mais Valion étant fin manipulateur avait tout de même choisi de me dénoncer. Soit... soit tout ceci n'était qu'une affreuse et malgré tout, dangereuse coïncidence. Je serai bientôt fixée.

Mon trouble était trop palpable pour que je puisse le cacher, et pour que Vareck ne le remarque pas.

Je sentais son regard poser sur moi, insistant, interrogateur.

Ne sachant pas pourquoi j'étais là, ni pourquoi je me retrouvais dans le bureau de Vareck en compagnie de Valion, j'allais devoir la jouer fine, très fine.

-Je crois, Seigneur Vareck, minauda Valion, que votre protégée est tombée sous mon charme... comme tant d'autres avant elle.

La tension monta en flèche dans la pièce. Je devais agir au plus vite. Je n'osais pas regarder Vareck.

Je me mis soudain à rire. J'y lâchai toute ma tension.

Je gratifiai Valion d'un sourire de pure séduction.

-Ne prenez pas vos désirs pour des réalités, Valion.

Je me retournai vers Vareck, qui nous observait, calmement, bien trop calmement.

-Je suis confuse, lui dis-je naïvement, que fait cet homme ici ? J'avais cru comprendre que... vous n'étiez pas en très bon terme ?

Jouer la jeune fille naïve, ça marche toujours, n'est-ce pas ?

Valion gloussa.

-« En très bon terme », ricana-t-il pour lui-même, les yeux fixés sur le contenu de son verre.

Vareck ne lui prêta pas attention, il m'observait.

J'étais persuadée qu'il sentait que quelque chose clochait, il était trop intelligent pour ne pas voir.

Il finit par hocher la tête.

-En effet, Valion ici présent et moi-même ne sommes pas ce que l'on pourrait dire des amis.

Valion sourit tout en fixant sur Vareck des yeux pleins d'innocence.

-Et pourtant, il est ici, conclus-je.

-On ne peut se passer de moi bien longtemps, ma chérie, me souffla Valion tout en s'installant dans un des canapés.

Vareck m'invita à m'asseoir d'un rapide signe de tête. Je m'assis sur le canapé en face de celui de Valion, Vareck prit place dans celui à ma droite.

-Ta tentative de fuite a eu des conséquences, commença abruptement Vareck. C'est pourquoi tu es ici.

J'essayais de ne pas regarder Valion, alors que je sentais son regard peser sur moi.

-Et Dana, que lui est-il arrivé ? demandai-je.

-Son sort te préoccupe-t-il vraiment ? me répondit Vareck après quelques secondes de silence.