L'Ombre d'Alyia - Tome 1

Chapitre 3

            -Attends, répète un peu ça. On va attaquer Arsersa ?

Jarod, Vivi et Spencer me dévisageaient avec des yeux ronds, comme si j'avais perdu la tête. Je ne pouvais pas les blâmer, j'avais eu la même réaction au début.

-Oui, mais pas seul, répondis-je d'une voix sure.

Jarod continuait de me regarder, confus.

-Nous attaquerons tous, continuai-je.

-Tous ? souffla Vivi. Tu veux dire, tous les secteurs ?

Je hochai la tête.

-C'est de la folie, murmura Spencer.

-Pas s'il y a plus que des prisonniers à Arsersa, pas s'ils sont à la recherche d'autre chose, fit Jarod qui était venu à la même conclusion que moi.

-Je pense que Jarod a raison, affirmai-je. Il doit surement y avoir des aboutissements qui nous dépassent.

Vivi se rapprocha de moi, les yeux brillants.

-Comment étaient-ils ? Les 6 ?

Tous les regards se braquèrent sur moi.

-Impressionnants, rayonnants, sûr d'eux. Les rumeurs sont à la hauteur de la réalité. Le pouvoir et puissance transpirent de tous leurs pores.

-Est-ce vrai que la peau picote quand on les regarde ? continua Vivi, en extase.

Je fronçai les sourcils.

-Euh... non, je n'ai pas souvenir de...

-Vivi ce sont des Vessoryia, comme nous, et non des dieux, la rabroua gentiment Jarod.

Elle grimaça.

-Comme nous ? Tu rigoles, ce sont des 7 ! s'exclama Vivi.

-Justement, que des 7, marmonnai-je dans ma barbe, consciente qu'ils m'entendraient tous.

-Oh Alyia, soupira Vivi, cesse d'être si pessimiste !

-Elle n'est pas pessimiste, mais lucide, la rembarra Spencer d'une voix calme.

Elle nous regarda toutes les deux, puis poussa un long soupir.

-Rappelez-moi pourquoi vous vous êtes engagés vous deux ?

-C'était la seule chose à faire, répondit Spencer, glaciale. Ça ne veut pas dire non plus qu'on est forcément convaincu que ça réussira.

Vivi me regarda, consternée, s'attendant à ce que je contredise notre amie. J'allais quand même les mener à une bataille décisive dans les prochains jours, le minimum aurait été de les rassurer. Mais je n'en fis rien. Je n'étais pas pessimiste, mais inutile de nier que les pouvoirs de ceux qui avaient pris le contrôle de notre monde surpassaient tout ce que nous pouvions imaginer. Aucune personne vivante ne pouvait les battre. Mais ça ne voulait pas dire qu'on ne pouvait pas essayer de les combattre, les affaiblir. Nous mourrions probablement tous en essayant, mais c'était ça ou courber l'échine et se soumettre face à des êtres abjects et cruels. J'avais fait mon choix, trois ans auparavant, et je ne le regrettais pas. Même si je savais que j'y laisserais la vie.

Devant mon absence de réaction, Vivi devint rouge de colère.

-Vivi... commençai-je.