Chapitre 64

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Lorsque je franchis la porte du Refuge, je fus surprise de retrouver tous les Faucheurs réunis dans le salon. Dana venait de se jeter dans un des canapés en me lançant un sourire carnassier. Vareck était juste derrière moi et je voyais bien que j'étais le centre de l'attention d'absolument toutes les personnes présentes.     

            -Euh, bonjour, je suppose ? lançai-je du bout des lèvres.

            Je ne récoltai que des regards froids et ennuyés. Dana crut bon de se moquer de ma tentative en ricanant.

            Je lui lançai un regard exaspéré et entrai dans le salon.

            -Dana, la ferme, cinglai-je d'un ton sec en lui envoyant un coussin à la figure.

            Je n'avais toujours pas oublié ce qu'elle avait dit à Vareck juste avant qu'elle ne se glisse comme une lâche. Mon geste eut juste pour effet de la faire encore plus glousser.

            Je vis les regards ahuris des autres passer de Dana à moi. Je comprenais leur étonnement, ce genre de relation entre Dana et moi appartenait à l'avant, au passé. Dernièrement les seules choses que nous échangions étaient des mots cruels et des regards assassins.

            -La hache de guerre est enterrée ? demanda Tibérius.

            Je coulais un regard vers Dana.

            Je n'oubliais rien. Je n'étais toujours pas dans son camp. J'étais toujours sur mes gardes. Mais je savais que si je continuais à agir de cette façon, la rancœur finirait par empoisonner mon cœur et mon âme. Dana était ma sœur. Et lorsqu'un lent sourire se mit à étirer ses lèvres et que ses yeux se mirent à briller, je sentis un sourire apparaitre sur mes propres lèvres.

            -Apparemment, murmurai-je, sans pour autant lâcher mon amie du regard.

            J'entendis Tibérius soupirer.

            -Oh, mon dieu, il était temps. Viens-là, ma petite guerrière, fit Tibérius en ouvrant grands ses bras de géant.

            Je ne m'attendais pas du tout à ça, alors, les larmes aux yeux, je m'avançai vers lui et le laissai me prendre dans ses bras. Il me serrait tellement fort que j'avais peur qu'il m'étouffe.

            -Tu m'as manqué, petite, tu nous as tous manqué, me souffla la voix rocailleuse de Tibérius.  

            Il me libéra, me faisant un clin d'œil au passage. Ses yeux verts brillaient d'émotions.

            Je me tournai vers les autres. L'ambiance était un tantinet moins glaciale qu'à mon arrivée. Nilaja me sourit doucement, et Torii se contenta de hocher la tête à mon attention. Quant à Esther, elle me fixait, ses grands yeux noirs m'étudiant avec attention. En revanche, je ne pus me résoudre à me tourner et croiser le regard de Vareck.

            -Je suis navrée, leur dis-je. Navrée d'avoir, dans mon ignorance, rejoint ceux que vous combattiez depuis toujours. En revanche, je ne m'excuserais pas d'être partie, de vous avoir laissé, ni d'avoir tenté de vous combattre. Si vous m'aviez expliqué clairement les choses, si vous aviez eu confiance en moi autant que j'avais foi en vous, j'aurais su que la Résistance et les Eryadins n'étaient pas les libérateurs qu'ils voulaient incarner, qu'ils n'étaient pas meilleurs que vous. C'est la seule chose que je regrette aujourd'hui, leur avoir accordé ma confiance, tout comme je regrette de vous avoir cru aveuglément. Le reste est entièrement votre faute, et vous le savez.

            Je me tournai vers Vareck. Je m'étais attendue à croiser son implacable regard glacé, sans émotion, il n'en était rien. Ses yeux miroitaient, de tellement de sentiments que je n'arrivais pas à les isoler les uns des autres.

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant