Je détournai le regard.-Je suis infiniment navrée pour ta perte, Vivi, murmurai-je. (Je pris une profonde inspiration et m'adossai contre un arbre, soudain nauséeuse.) J'étais jeune lorsque Vareck m'a trouvé, tu sais. J'étais jeune et au fond de moi, malheureuse. J'avais pourtant tout ce que je voulais, mais ma vie m'ennuyait. Je voulais plus, je voulais vivre autre chose. Alors quand j'ai pris conscience des pouvoirs que je possédais, j'ai entrevu une porte de sortie. Vareck n'a eu qu'à ramasser les éclats de mes désirs et à me les offrir pour gagner ma confiance.
Mes trois amis me fixaient calmement. Je voyais leurs yeux briller dans la pénombre. La colère sur le visage de Vivi semblait s'être un peu atténuée, elle m'écoutait, fascinée. Ils attendaient depuis trois ans que je leur révèle ma véritable histoire. Ce n'était d'ailleurs certainement pas le moment. Je n'étais pas stupide, je savais que les hommes de Vareck pourraient débarquer n'importe quand. Mes amis le savaient aussi, ils sursautaient au moindre bruit. Pourtant, même si la situation ne s'y prêtait pas, il fallait que je leur dise, je le leur devais, surtout à Vivi.
-Il ne m'a pas fallu longtemps pour diviniser Vareck. Je crois que j'aurais fait n'importe quoi pour le rendre fier. Il avait ma confiance, ma dévotion, et mon admiration. Il m'a entrainé, et a fait de moi une parfaite petite Faucheuse. Ces derniers également avaient toute mon attention et mon amitié (sur ces mots, je vis les yeux de Jarod se froncer.). Je les ai connus d'une façon différente que n'importe qui d'autres. Il n'y avait alors pas de guerres, pas de complots. Juste une bande de jeunes gens aux pouvoirs incroyables. Du moins, c'est ce que je croyais... j'ai été berné, dupé. En réalité, ils avaient prévu ce coup d'état et cette guerre depuis longtemps déjà, je n'étais qu'un petit soldat en plus. Un soldat qu'ils n'attendaient pas.
À mesure que je parlais, je sentis un poids énorme quitter ma poitrine. Pouvoir enfin me confier à ceux que j'avais considérés pendant trois années comme ma famille était un remède miraculeux contre ma culpabilité et mon chagrin.
-J'ai fui dès que j'ai pu, bridant mon pouvoir profondément dans ma chair, continuai-je, en me tournant vers la maison de mes parents. Alors que je savais que j'aurais pu peut-être empêcher tout ça... le jour de la bataille d'Arsersa, j'ai su que la seule manière de vous protéger était de redevenir celle que j'avais été, attirant forcément leur attention sur moi. Vareck m'a laissé le choix, ne pas coopérer et perdre ceux que j'aimais, à savoir vous et ma famille, soit lui obéir et vous protéger. Je ne regrette pas le choix que j'ai fait.
-Qu'as-tu raconté sur la résistance ? demanda Spencer d'une voix calme.
-Beaucoup de choses, et en même temps, j'ai joué du mieux que je le pouvais pour nimber la vérité de zones d'ombres. Il faut que nous contactions la résistance, pour que je puisse leur dire les secrets qu'ils m'ont arrachés.
Jarod hocha la tête.
-Nous le ferons. (Il posa une main sur mon épaule.) Tu as fait ce qui t'a semblé juste, Alyia. En des temps pareils, qui sait ce que nous ferions chacun ?
Il me sourit doucement. Je fus bouleversée par sa sollicitude et sa compréhension.
Je lui pris la main et me rapprochais de son visage.
-Je craignais ta réaction par-dessus tout, lui soufflai-je assez bas pour que lui seul l'entende. Plus que celle de Vivi, plus que celle de Spencer.
Son sourire disparut, donnant son visage un air à la fois sérieux et doux. Il leva une main vers mon visage et caressa du ma joue du bout du pouce.
-Ne crains jamais quoi que ce soit venant de moi, Alyia. Tu as mon soutien et mon affection inconditionnels. Tu l'as toujours eu.
Oui, mais je n'avais jamais eu le courage de le voir. Parce que sinon, j'aurais été tenté de tout lui dire, et de le mettre en danger par la même occasion.
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L'Ombre d'Alyia - Tome 1
ParanormalDans un monde divisé entre humains et Vessoryia - des êtres possédant des pouvoirs exceptionnels -, Alyia est une ombre. Entrée en résistance depuis la prise de pouvoir des Vessoryia sur la planète entière, et l'oppression qu'ils causent, elle se c...