Chapitre 15

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Pendant la semaine qui suivit la réception, je n'eus pas de nouvelles de Vareck ni d'aucun autre dignitaire. Cela m'étonnait, mais je ne leur ferai pas le plaisir de leur demander la raison de ce silence.

            Au bout d'un jour à peine, j'avais trouvé le temps extrêmement long. Et j'avais demandé à mes « gardes » si je pouvais me balader dans le bâtiment. Évidemment, incapable de penser par eux-mêmes, ils avaient demandé l'autorisation à leur Seigneur bien aimé, qui, dans sa grande clémence, m'avait donné l'autorisation d'évoluer à ma guise dans les lieux, mes gardes évidemment toujours à mes côtés. Prenant cela pour une autorisation d'aller où bon me semblait, j'avais tout de suite essayé de me rendre dans la prison, on m'avait bien gentiment dit d'aller me faire voir. On ne perdait rien à essayer, après tout.

            Cela faisait deux jours que je me rendais dans la bibliothèque, il y faisait bien chaud et même si le nombre d'ouvrages n'était guère impressionnant, j'avais l'impression d'y être en sécurité. Mon amour des livres ne m'avait jamais quitté, même si je n'avais plus le temps d'en lire. À présent, je n'avais que ça à faire. Cela faisait déjà une heure que je feuilletais un lourd livre d'histoire. Vareck n'avait pas officiellement effacé l'histoire de l'humanité, mais je savais qu'il haïssait les êtres humains - ceux qui ne détenaient pas de pouvoir - et c'était surtout eux qui avaient bâti notre monde. Alors, je me faisais un malin à me souvenir, à étoffer mes connaissances sur une Histoire que Vareck aimerait effacer d'un coup de gomme. C'était un petit acte de résistance bien ridicule, mais pour l'instant, c'était le mieux que je pouvais faire.

            Au début, les gardes étaient restés dans la salle, j'avais bien vu leur regard ahuri lorsque je m'étais saisi du manuel d'histoire. J'avais alors entrepris de leur faire la lecture, ils avaient tenu une demi-journée, et maintenant, ils attendaient devant la porte. Ils n'osaient plus mettre un pied ici. J'avais gagné un peu de liberté en lisant un livre d'histoire, il n'en fallait pas plus parfois.

            -Je ne vous savais pas éprise d'histoire, fit soudain une voix.

            Je me levai d'un bond, manquant de faire tomber le livre.

            C'était Valion, l'homme rencontré à la réception.

            L'homme se tenait à l'angle opposé de la pièce, prêt d'une toute petite porte que j'avais trouvée fermé à clé à chacune de mes visites.

            Ses yeux se plissèrent d'amusement devant ma réaction. Il posa un doigt sur ses lèvres en me montrant la porte, derrière laquelle les gardes attendaient.

            -Tout va bien, Mademoiselle Senestra ? demanda un des gardes.

            -Oui, oui, répondis-je précipitamment, j'ai fait tomber le livre en voulant le ranger. Tout va bien.

            -Très bien.

            Valion se rapprocha de moi, et sans faire le moindre bruit, s'assit sur la chaise à côté de moi.

            Il portait une tunique bleu foncé qui mettait en valeur le subtil hâle de sa peau. J'étais si proche que je voyais les paillètes d'or de ses yeux marrons.

            -Que faites-vous ici ? murmurai-je. J'ai cru comprendre que vous n'étiez pas autorisé à me parler.

            Il sourit.

            -Je vois que le Seigneur Vareck vous a déjà mis en garde contre moi.

            -Il ne m'a rien dit personnellement. Ses Faucheurs l'ont fait pour lui. J'ai pour ordre de lui rapporter toute tentative de votre part pour m'aborder.

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant