Chapitre 8

929 84 11
                                    

            Je soupçonnais le garde de nous avoir fait emprunter multitude de détours pour m'empêcher de me repérer, surement l'ordre venait directement de Vareck. Serrant les dents, je le suivais sans mot dire. Au bout d'une dizaine de minutes, nous arrivâmes devant de lourdes portes blanches ornées de poignées dorées. Elles juraient par rapport à la sobriété des lieux, comme si elles n'avaient pas leur place ici.

Le garde me jeta un bref coup d'œil, eut l'air écœuré devant mon accoutrement puis ouvrit les portes sans un mot de plus.

-Mademoiselle Alyia Senestra, m'annonça le garde à la salle.

Évidemment, Vareck connaissait mon véritable nom. La résistance me connaissait sous le nom d'Alyia Marova, mais pour protéger ma famille, j'avais préféré prendre un autre nom, celui d'une amie qui m'était chère, morte assassinée lors des émeutes qui avaient vu le jour après l'annonce de l'existence des Vessoryia. Humaine, elle avait péri comme nombreux autres innocents. Théa Marova était un fantôme qui ne m'avait jamais quitté.

Lorsque le garde avait ouvert la porte, on brouhaha insupportable avait envahi mon crâne. Une quinzaine d'hommes et des femmes de tous âges, humains et Vessoryia discutaient à grands cris de gestes et de haussement de voix. Puis ils m'avaient vu.

Le silence régnait à présent.

Toutes les personnes présentes, assises autour d'une grande table ovale immaculée, se mirent soudain à me dévisager de haut en bas.

-Vous vous assiérez devant à gauche, m'intima le garde avant de refermer la porte derrière moi.

Toujours sous leurs regards inquisiteurs et leur silence de plomb, je me rendis exactement à l'opposé de l'endroit où le garde m'avait demandé de m'asseoir. En bout de table.

Sans un mot, je m'assis, et m'attelai à leur rendre leur regard impoli.

10 étaient Vessoryia et 7 humains. À peu près une moitié d'homme et de femmes. Je connaissais certains visages pour les avoir vus à la télévision, visiblement, j'avais l'honneur de me retrouver parmi les plus proches et les plus puissants conseiller de Vareck. Parfait.

Essayant de cacher ma peur et mon trouble, je faisais mine de trouver tout cela lassant. Et bientôt, ils reprirent leur conversation mouvementée, presque sans plus faire attention à moi. Mais je sentais bien souvent leur regard peser sur moi. J'attisais leur curiosité, visiblement. Je me demandais comment Vareck leur avait parlé de mon existence.

En parlant du loup...

Quelques minutes à peine après mon arrivée, la porte s'ouvrir brusquement sur trois personnes. Vareck, évidemment, accompagné de deux Faucheurs. Je les reconnus aussitôt. Je sentis leur regard de meurtrier se poser sur moi et me suivre du mouvement tandis qu'il avançait dans la pièce avec la grâce d'assassin. Vareck, quant à lui, ne me décocha pas un regard, comme si ma présence ou non dans cette pièce ne changeait rien.

Je le maudis de tous les noms dans ma tête. Il m'avait fait appeler ici comme un petit chien et m'ignorait maintenant avec dédain. Abrutis d'immortel.

Vareck s'assit à côté de moi. S'il avait remarqué que je m'étais assise à la mauvaise place, il n'en laissa rien paraitre. Visiblement, j'étais à ses yeux aussi intéressante qu'une plante verte. Quant aux deux Faucheurs, ils se placèrent derrière Vareck, en parfait petit soldat zélé. Ils ne participaient jamais aux décisions, ils obéissaient à Vareck et rien d'autre.

Les conseillers de Vareck se turent automatiquement, et baissèrent les yeux. Je souris en constatant qu'ils étaient tous terrifiés par lui.

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant